Quand Zefzafi se comporte comme Al Baghdadi en plein prêche du vendredi

Alors que les fidèles écoutaient le prêche du vendredi à la mosquée Mohammed V d’Al Hoceima, Nasser Zefzafi, l’auto-proclamé meneur de la «fronde du Rif», a fait irruption pour arracher le micro à l’imam, l’insulter et faire "son" prêche à lui. Le récit.

La scène est digne de ce qu’avait fait Aboubakr Al Baghdadi le 29 juin 2014, premier jour du mois de ramadan, quand il s’est proclamé «calife» de l’État islamique, affirmant ainsi devenir le commandeur des musulmans. Sauf qu’il s’agit de Nasser Zefzafi le meneur du Hirrak Arrif.

Nous sommes, ce vendredi 26 mai, à la mosquée Mohammed V de la ville d’Al Hoceima. Nombreux, les fidèles écoutaient religieusement le prêche du vendredi quand Zefzafi, qui était parmi eux, s’est levé sans crier gare, s’est dirigé vers le Mihrab, et a pris l’imam pour cible. Le tout pour lui arracher le micro et faire «son prêche» à lui. «Vous êtes l’imam des sultans», a-t-il dit, insinuant que celui-ci n’avait aucune légitimité et que seul Zefzafi pouvait parler au nom des fidèles. Si ce n’est pas du daechisme, cela y ressemble fort. Drapé d’une gandoura, et retenant à peine sa salive, il a alors improvisé, comme il sait le faire, un discours digne des plus grands théoriciens de «l’Etat islamique». Troquant Karl Marx (dont il venait à peine de se réclamer) contre Omar Ibn Al Khattab pour la circonstance, Zefzafi a même prétendu, à coups de Allah Akbar, en savoir plus que l’imam sur l’islam.

Il a même inventé une fatwa sur le concept de la fitna (la zizanie au sein de la communauté musulmane). «Comment peut-on nous accuser de fitna quand tous nos jeunes sont au chômage ou ont été forcés à émigrer?», s’écrie-t-il. Et pour islamiser son discours, Zefzafi s’est attaqué, là encore sans mise en contexte, aux télés nationales. «Comment un Etat musulman peut-il tolérer des scènes de nu dans ses médias?», s’est-il encore écrié.

C’était juste avant de rebondir de nouveau sur Omar Ibn Al Khattab et attaquer l’imam, l’accusant à tort et à travers d’avoir sorti une fatwa permettant «le meurtre de nos enfants et le viol de nos femmes» en accord, évidemment, avec le Makhzen. «En dénonçant cela, nous ne faisons que marcher sur les pas de nos ancêtres», a-t-il conclu. A l’heure actuelle, ceux-ci doivent se retourner dans leur tombe. Et Zefzafi montre que sa tendance à la logorrhée est sans limite. Dans l’enceinte de la mosquée Mohammed V, il vient de franchir un seuil dangereux en tenant un discours qui présente de nombreuses analogies avec celui des apôtres du jihadisme.

Le360

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