Quand Sarkozy crée la polémique sur la Syrie

L’ancien président français Nicolas Sarkozy crée la polémique au sein de la classe politique de son pays en critiquant implicitement l’immobilisme supposé de son successeur François Hollande sur la crise syrienne, et évoquant une similitude avec la Libye où la France avait pris la tête du front anti-Kadhafi.

Quand Sarkozy crée la polémique sur la Syrie
Dans un communiqué commun publié mardi soir, M. Sarkozy et le président du Conseil national syrien (CNS), Abdel Basset Sayda, disent avoir évoqué "pendant près de quarante minutes" la situation dans le pays.

MM. Sarkozy et Sayda appellent de leurs voeux "une action rapide de la communauté internationale pour éviter des massacres", évoquant "de grandes similitudes avec la crise libyenne", dans laquelle la France avait été le fer de lance de l’opération internationale conduisant à la chute de Kadhafi.

En pleines vacances d’été, la sortie de l’ex-président a été du pain béni pour sa famille politique l’UMP (droite) qui ne cesse de critiquer le manque d’envergure de l’action diplomatique française.

"Hollande ne peut pas faire moins que Sarkozy : la France doit intervenir militairement pour faire cesser les massacres en Syrie", souligne le secrétaire national de l’UMP Philippe Juvin, en pointant un "attentisme criminel" du chef de l’Etat.

"On nous dit qu’il faut un mandat du Conseil de sécurité. Mais la France, qui préside le Conseil, n’a jamais été aussi bien placée pour l’obtenir", relève-t-il. Et quand bien même elle n’obtiendrait pas ce mandat, elle peut "s’en passer" et "agir avec la Turquie et la Ligue arabe", suggère-t-il.

L’ex-ministre sarkozyste Nadine Morano, salue dans tweet le dynamisme de l’ancien président en plein mois d’aout: "Hollande est en vacances, Sarkozy aussi, mais comme toujours actif à s’intéresser au dossier syrien, comme en 2008 pour la Géorgie", une crise qui avait également surgi au mois d’août.

Si aucune règle n’oblige l’ancien président à observer une attitude de réserve, le Parti socialiste a dénoncé par la voix de son Secrétaire national Jean-Christophe Cambadélis comme "inopportune et inélégante" la sortie de Sarkozy.

"Cela démontre s’il en était nécessaire que Nicolas Sarkozy voulait rester actif et présent dans la succession de l’UMP", estime le responsable socialiste, soulignant que la France est "à l’avant-garde du soutien à la révolution syrienne".

Pour sa part, la vice-présidente du Modem (centre) a reproché à Sarkozy d’affaiblir "la voix de la France" dans le dossier syrien, tout en appelant à l’esprit de responsabilité de chacun.

"Ce sont des sujets difficiles, sur lesquels il faut que l’on parle d’une seule voix, pour ne pas affaiblir la France, et sur lesquels on ne doit pas chercher la polémique", a-t-elle jugé.

Au sein de l’exécutif, le chef de la diplomatie Laurent Fabius, a regretté que Sarkozy ait souhaité "susciter une polémique sur un sujet aussi grave, alors qu’on attendrait autre chose de la part d’un ancien président", soulignant que "sur le fond, la situation de la Syrie est très différente de celle de la Libye".

"D’abord, d’un point de vue géostratégique puisque la Syrie est entourée, comme chacun devrait le savoir, de l’Irak, du Liban (avec les conséquences sur Israël), de la Turquie et de la Jordanie", explique M. Fabius dans un entretien au quotidien Le Parisien, publié jeudi .

En outre, a-t-il poursuivi, "les situations militaires ne sont pas du tout les mêmes: la Syrie dispose de stocks d’armes importants, notamment chimiques".

"Les différences sont si manifestes qu’aucun pays n’a demandé ni souhaité une intervention militaire, ce qui n’était pas le cas pour la Libye. Tout ceci fait que je suis en effet surpris qu’on puisse avoir exercé d’importantes responsabilités et livrer une analyse aussi rapide…", ajoute le ministre des Affaires étrangères.

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