Quand Rama, Fadela et Frédéric font leurs valises

Il paraît clair, aujourd’hui qu’en termes de gouvernance, cette annonce anticipée d’une remaniement affaiblit à vue d’œil l’exécutif.

Quand Rama, Fadela et Frédéric font leurs valises
En plus du bourdonnement de l’affaire Woerth-Bettencourt qui conserve un rythme de croisière politique dangereux tout en menaçant Nicolas Sarkozy d’une subite déflagration estivale, le gouvernement de François Fillon doit composer avec une autre tension liée au remaniement annoncé pour octobre prochain.

Le tout conjugué avec la volonté annoncée de Nicolas Sarkozy de réduire la voilure de cabinets ministériels pléthoriques au nom de la rigueur et de la réduction du train de l’Etat. Pendant toute la semaine, les gazettes politiques s’en sont données à cœur joie en décrivant avec un luxe inédit l’atmosphère de fin de règne qui distingue des cabinets entiers en déshérences. Partagés qu’ils sont entre deux catégories : Entre celle dont le départ est scellé et qui lèvent le pied au point presque de paralyser le travail et ceux s’interrogent fiévreusement sur leurs sorts au point d’en faire leur unique préoccupation quotidienne.

Il a beaucoup été reproché à Nicolas Sarkozy d’avoir annoncé un remaniement quatre mois à l’avance alors que rien ne l’obligeait à le faire. De manière souveraine, il aurait pu garder dans sa manche l’effet surprise d’une telle démarche.L’a-t-il fait pour pratiquer ce que Dominique de Villepin, fondateur de «République Solidaire», avait appelé «un supplice chinois». Dans ce cas, Nicolas Sarkozy nourrirait une morbide tendance sadique. Ou l’a-t-il annoncé par excitation, précipitation et mauvais contrôle de pulsions ? Et dans ce cas Nicolas Sarkozy crée de la démotivation là où il faudrait une mobilisation sans faille.

Une des conséquence-premières d’une telle stratégie, outre de diffuser au sein de l’appareil de l’Etat un dangereux laisser-aller, est de miner l’autorité des ministres. A partir du moment où leur départ est presque inscrit dans le calendrier, leur parole est démonétisée, leur autorité remise en cause. Des secrétaires d’Etat comme Alain Joyandet et Christian Blanc ont anticipé leur mise à l’écart et préféré prendre la décision de partir. Avant sans doute ont-ils jugé, d’être contraints, de façon humiliante, à le faire.

D’autres comme Rama Yade (Sports), malgré sa popularité, Bernard Kouchner (Affaires étrangères), malgré sa capacité à avaler les couleuvres, Fadela Amara (la Banlieue), malgré sa proximité avec Brice Hortefeux ou même Frédéric Mitterrand malgré sa transparence au ministère de la Culture vivent une intenable expectative. Ces quatre personnalités particulièrement savent que l’air du temps et la logique politique du moment voudraient qu’elles quittent leurs fonctions. Mais l’espoir demeure. L’humeur présidentielle, qui change au fil des lunes, peut vite prendre le pas sur une nécessité qu’impose une conjoncture politique.

Il paraît clair, aujourd’hui qu’en termes de gouvernance, cette annonce anticipée d’une remaniement affaiblit à vue d’œil l’exécutif. Cela ne se voit pas beaucoup car la scène politique française est écrasée par le persistant scandale Woerth-Bettencourt. Les enjeux moraux et politiques d’une telle affaire sont si déterminants pour Nicolas Sarkozy que le spleen et les angoisses de certains ministres, dont le premier d’entre eux François Fillon, inquiets pour leur avenir, peuvent paraître d’une importance secondaire.

(ALM)

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. J'accepte Lire la suite