Présidentielle au Gabon: Bongo ou Ping, l’attente s’éternise

Le Gabon a les yeux tournés vers la commission électorale nationale (Cénap) qui doit proclamer mercredi le nom du vainqueur de l’élection présidentielle dans un pays suspendu au combat entre le président sortant Ali Bongo Ondimba et son rival Jean Ping.

Le dénouement de la présidentielle à un tour se fait toujours attendre: l’assemblée plénière de la Cénap n’avait pas toujours pas commencé à 00h30 (23h30 GMT). Des journalistes patientaient toujours à l’entrée de la cité de la démocratie, sous haute surveillance policière comme le reste de la ville.

Selon la procédure, le ministre de l’Intérieur doit venir à la Cénap pour lire les résultats à l’issue des travaux de cette plénière.

De source concordante, les débats de la plénière "sont bloqués" en raison de l’absence de certains procès-verbaux.

"Nous avons les résultats des huit autres provinces sauf ceux du Haut-Ogooué", a expliqué à l’AFP un délégué de l’opposition à la Cénap.

Cette province, qui compte 71.123 électeurs inscrits, est le fief ethnique du président Ali Bongo et de son père et prédécesseur Omar, au pouvoir pendant 41 ans (1967-2009).

"Pour gagner, Ali Bongo devrait obtenir plus de 60.000 voix dans le Haut-Ogooué, avec un taux de participation dépassant les 90%…", a avancé mardi soir le directeur de campagne de M. Ping, Jean-Gaspard Ntoutoume Ayi.

Mardi, M. Ping, 73 ans, a répété qu’il se considérait vainqueur de cette élection. Il a appelé ses militants à rester mobilisés devant son siège de campagne, mais sans manifester, alors que le pays attend les résultats du scrutin dans une ambiance tendue.

Bien avant la tombée de la nuit, les rues de Libreville et Port-Gentil se sont vidées. En matinée, de nombreux Librevillois avaient envahi supermarchés et épiceries pour faire des provisions.

Les forces de police anti-émeute se sont progressivement déployées aux points stratégiques de la capitale d’environ 650.000 habitants. Des blindés légers patrouillaient sur le bord de mer et des barrages bloquaient les accès de la présidence, ont constaté des journalistes de l’AFP.

Habitués à la paix civile, les Gabonais n’ont pas oublié qu’en 2009 des violences post-électorales avaient éclaté à Port-Gentil, la capitale économique (morts, pillages, couvre-feu, consulat de France incendié…).

Sur son site, l’ambassade de France a "demandé aux ressortissants français d’éviter tout déplacement ce mardi 30 août à compter de 14h00".

L’entourage du président Bongo évoquait également une "avance" qui lui garantirait la victoire.

Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a appelé les deux candidats pour leur transmettre "sa préoccupation concernant des déclarations prématurées sur l’issue des élections".

Les invectives ont cependant continué à pleuvoir.

Le porte-parole du gouvernement, Alain-Claude Bilie-By-Nze, a dénoncé "des ingérences multiples" au bénéfice de M. Ping, visant la France et un présumé proche du président ivoirien Alassane Ouattara, qui a été congédié par le pouvoir à Abidjan.

M. Bilie-By-Nze a nommé l’avocat parisien de M. Ping, Eric Moutet, qui a annoncé que son client saisirait la Cour constitutionnelle en cas de défaite.

Ex-baron du régime du président Omar Bongo, opposant tardif après l’élection de son fils Ali en 2009, Jean Ping, 73 ans, prétend renverser la famille au pouvoir depuis 1967.

Ali Bongo, 57 ans, a défendu son bilan avec des "investissements sans précédent" et la diversification de l’économie, en promettant "l’égalité des chances" et de faire mieux pour le logement.

Passionnant l’Afrique francophone, l’élection au Gabon intéresse évidemment la France, l’ex-puissance coloniale qui compte au moins 10.000 ressortissants sur place.

M. Ping a été reçu à sa demande à l’ambassade de France dimanche à Libreville.

(Source AFP)

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