Présidentielle : François Fillon, candidat conservateur, « combattant balafré »

Parti en campagne avec "un souci prioritaire d’exemplarité", inculpé le 14 mars dernier dans une affaire d’emplois présumés fictifs impliquant sa famille, le candidat de la droite François Fillon aime à se présenter comme "un combattant balafré".

"Qui imagine le général de Gaulle mis en examen?", lance-t-il en octobre dernier pendant la primaire de la droite, qu’il remporte haut la main grâce à son image d’homme intègre et à ses promesses énergiques de redressement du pays, face à l’ex-président Nicolas Sarkozy, son ancien patron, et l’ex-Premier ministre Alain Juppé.

Aujourd’hui, quand cet ancien Premier ministre (2007-2012) invoque la mémoire du général, c’est pour parler de "courage" et de "résistance" ou de "vague qui ne détruit pas le granit".

A chacun de ses déplacements, il est accueilli par des concerts de casseroles et il limite au maximum les contacts depuis sa visite au salon de l’Agriculture, début mars, ponctuée de cris "voleur!" et "rends l’argent".

Porteur d’un programme de coupes budgétaires, "fier de ses valeurs" liées à la famille, ce libéral assumé qui ne cache pas son admiration pour Margaret Thatcher était pourtant parti grand favori pour remporter l’élection présidentielle, après cinq années de pouvoir socialiste.

A l’époque, la presse française parle de "la revanche de Mister Nobody". A Moscou, le président russe Vladimir Poutine salue en lui un "grand professionnel", ce qui déclenche en France une polémique sur ses relations avec le Kremlin.

Fin janvier, ce passionné de course automobile, qui selon ses amis "ne supporte pas d’être deuxième" s’empêtre dans un scandale désastreux pour sa popularité: révélations de presse sur des emplois fictifs présumés au profit de son épouse Penelope et de deux de ses cinq enfants, auditions, perquisitions, inculpation pour "détournement de fonds publics", questions sur le "cadeau amical" d’un avocat à la réputation sulfureuse qui lui a acheté pour 13.000 euros de costumes…

François Fillon crie au "complot", à l’"assassinat politique". Mais l’affaire dite "Penelopegate" brouille ses discours sur l’austérité, la restauration de l’autorité, la lutte contre la délinquance ou la nécessaire mobilisation contre le "totalitarisme islamique" pour sauver la démocratie.

Les défections se multiplient au sein de son camp, mais la droite ne parvient pas à s’entendre sur une candidature alternative. François Fillon finit par s’imposer après une démonstration de force rassemblant des dizaines de milliers de partisans à Paris.

"Chaque jour, je reçois en pleine figure de nouvelles bourrasques. Je fais front, j’avance, je garde mon cap et je trace ma route", résume celui qui reste persuadé de pouvoir remporter la présidentielle d’avril-mai.

Il change de slogan: "Une volonté pour la France" remplace "Le courage de la vérité".

Mais ses chances de franchir la barre du premier tour se sont réduites comme peau de chagrin: Marine Le Pen, la candidate de l’extrême droite, et Emmanuel Macron, l’ancien ministre de l’Economie du quinquennat de François Hollande, ont creusé l’écart dans les derniers sondages.

Opiniâtre selon ses partisans, suicidaire selon ses détracteurs, ce catholique pratiquant issu de la bourgeoisie provinciale se présente dans les meetings comme un "rebelle que le système n’arrêtera pas".

Fils de notaire, François Fillon est né au Mans dans le centre-ouest de la France le 4 mars 1954. En 1976, le jeune diplômé de droit public fait ses premiers pas en politique comme assistant du député d’une petite ville proche du Mans, Sablé-sur-Sarthe.

A la mort de son mentor en 1980, François Fillon lui succède et devient en 1981 le benjamin de l’Assemblée nationale.

De 1993 à 2005, il participe à tous les gouvernements de droite, siège au Sénat en 2005-2007, avant de devenir pendant cinq ans chef du gouvernement, dans l’ombre du bouillant Nicolas Sarkozy.

Fin politique selon certains, il est opportuniste pour d’autres. "Ce bon surfeur sait prendre les vagues des autres", résume Jean-Pierre Raffarin, un ex-Premier ministre. Il "est tel un crocodile: il a l’air de dormir mais est prêt à bouffer n’importe qui sur la berge", confiait en 2012 un des ministres de son équipe.

afp

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