Présidentielle : A Bordeaux, la communauté maghrébine s’apprête à voter massivement pour Emmanuel Macron

Atlasinfo est parti à la rencontre de la communauté maghrébine de la cité bordelaise pour recueillir leurs réactions après le premier tout de l’élection présidentielle.

Par Ghizlaine Badri (Envoyée spéciale)

Au lendemain du premier tour des élections présidentielles, le marché Saint Michel sur la grande place de l’église à Bordeaux accueille ses premiers visiteurs. Un rendez vous hebdomadaire incontournable de la communauté maghrébine de la cité bordelaise, fief d’Alain Juppé, candidat malheureux à la primaire de la droite et du centre. A 9 heures, les discussions vont déjà bon train sur les résultats de la veille.

« Je suis un peu sonnée suite aux élections d’hier, Marine le Pen au second tour, tout de même, ça secoue », nous dit d’emblée Stéphanie, mariée à un franco-marocain.

« J’ai voté pour Philippe Poutou. J’ai voté par conviction et aussi parce que nous, les ouvriers, nous avons du mal à faire entendre nos petites voix. Même si j’étais tout à fait consciente qu’il ne sera pas qualifié, je l’ai fait. Mais le 7 mai, mon mari et moi votons Macron pour barrer la route à la haine, au populisme dangereux et à la xénophobie de Marine le Pen », tient à préciser cette mère de famille de deux enfants.

Abdellah, commerçant en vêtements pour femmes, ajuste ses rayons et déclare ne pas être déçu. « Je suis plutôt content. J’ai voté pour Emmanuel Macron. Il n’y avait rien d’autre à faire !», lance-t-il. Et d’ajouter « Macron est pour l’Europe. Je suis commerçant et j’importe ma marchandise d’Espagne. Je n’allais quant même pas voter pour Jean Luc Mélenchon qui prône la fermeture des frontières, et encore moins pour Marine le Pen qui veut nous isoler», martèle t-il tout en déballant sa marchandise.

Le Pen, "désolation et division"

Les Bordelais ont voté à 31,2 % en faveur d’Emmanuel Macron, suivi de Jean-Luc Mélenchon avec 23,4%. Une tendance qui se confirme sur le marché de Saint Michel.

« J’ai voté tout de suite pour Emmanuel Macron car ses équipes de campagne ont été offensifs à Bordeaux. Je viens souvent au marché pour les deux rendez- vous de la semaine, le lundi et le samedi. Les soutiens du candidat tractaient tout en parlant aux gens. Je pense que la campagne de communication autour de Macron a beaucoup participé à son succès », affirme Houda, opticienne.

« Je crois qu’il fera un bon président. Il a eu le courage de s’opposer à la déchéance de la nationalité telle qu’elle a été présentée par Manuel Valls. Il a prouvé qu’il avait des convictions et qu’il était prêt à les défendre », ajoute-t-elle.

Pour Reda, c’était Jean-Luc Mélenchon, le candidat de « la France insoumise ». « Je suis l’un des rares dans ma famille à ne pas avoir voté Emmanuel Macron qui est soutenu par le patronat et les banques. J’ai voté Jean Luc Mélenchon. Je lui en veux de ne pas avoir trouvé un compromis avec Benoit Hamon. Il serait aujourd’hui face à Emmanuel Macron et nous aurions eu une grande chance de l’emporter », regrette-t-il, avant de préciser que pour le second tour, il fera barrage à la candidate de l’extrême droite. « C’est Macron pour que la France reste ce beau pays que nous aimons ».

SI pour certains les résultats de cette campagne ont été une surprise, pour d’autres, les événements s’inscrivent dans la continuité d’une élection présidentielle pas comme les autres. « Je ne comprends pas que certains tombent des nus. Avec une campagne électorale pareille, on a Marine Le Pen au second tour et si on ne se mobilise pas tous, on l’aura le 7 mai à l’Elysée », s’emporte Samir, un franco-algérien.

Sur la question des actes terroristes et l’influence qu’ils auraient pu avoir sur les votes des Français, Issam est catégorique. « Je suis persuadé que ces actes terroristes perpétrées à 72 h de ces élections n’ont pas eu une grande incidence sur les votes. Ce sont les affaires qui ont pourri toute la campagne. Du jamais vu !».

« C’est casser la France que d’avoir Marine Le Pen comme présidente. Les Français ne laisseront pas un tel gâchis se produire». « Je reste confiant pour le second tour», répète-t-il.

Pour Nabila, qui précise avoir suivi ces élections, les premières séquences ont été déterminantes « C’était perdu d’avance pour la gauche à partir du moment où Benoit Hamon a été abandonné par des membres de son parti et que Jean-Luc Mélanchon a refusé un accord. Pour François Fillon, il a été emporté par le « Penelope Gate ». L’élection de Macron / Le Pen était alors un peu prévisible ».

« Le 7 mai, je revoterai Emmanuel Macron. On espère vraiment un renouveau, du changement et le respect des engagements et des promesses. Marine Le Pen n’apportera, elle, que de la désolation et la division », affirme Nabila, cadre dans une entreprise.

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