Pour la « grandeur » de son pays, Trump devra renoncer aux énergies polluantes (Bertrand Piccard)

Si le président élu des Etats-Unis Donald Trump « veut rendre sa grandeur à son pays il faut qu’il passe par les énergies propres », dit l’aéronaute suisse Bertrand Piccard, pilote de l’avion solaire Solar Impulse, présent à la conférence climat de Marrakech (Maroc).

"Protéger l’environnement c’est important, et c’est aussi très rentable", estime ce descendant d’une lignée d’explorateurs fameux déjà très engagés en faveur de l’environnement.

Q: Pourquoi avez-vous choisi de passer ces deux semaines entières à la COP22?

R: "Souvent dans ces conférences, les négociations restent dans le domaine politique, et ce qui est fondamental aujourd’hui c’est d’amener des solutions.

Je suis ici pour montrer tout ce qu’on peut faire avec des technologies propres, qui permettent d’économiser de l’énergie, des ressources naturelles, en faisant du profit et en créant des emplois.

Nous avons lancé une +alliance mondiale des technologies propres+ dont le but est de pousser et montrer les solutions en mettant en réseau les acteurs: entreprises, associations, inventeurs, experts capables d’évaluer ces actions… L’idée est ensuite d’amener ces solutions aux institutions internationales, aux prochaines COP, aux gouvernements. Et de dire +vous ne prenez pas de risque en étant ambitieux+.

Ce qui est formidable est la rentabilité de ces technologies aujourd’hui: le prix du solaire et de l’éolien s’est écroulé, vous avez des voitures hybrides au même prix que les non hybrides pour le même modèle. Car l’industrie pousse plus encore que le politique.

Il n’y a plus aucune excuse pour ne pas utiliser ces solutions. Ce qui bloque ce sont les habitudes, ou même des lobbies qui n’ont pas compris que c’est leur intérêt de changer. On ne peut rester avec des gens qui n’ont rien compris!"

Q: Comment avez-vous accueilli l’élection du climatosceptique Donald Trump?

R: "Il y a 5 ans j’aurais eu très peur, parce qu’à l’époque on devait encore choisir entre écologie et économie, et Trump aurait forcément choisi l’économie. Aujourd’hui, si on veut rendre +la grandeur+ au pays, comme dit Trump, il faut impérativement passer par des technologies propres et de l’énergie renouvelable car c’est ce qui crée de la croissance. On ne crée plus de croissance dans notre monde avec de vieux systèmes polluants, démodés et chers, mais avec des systèmes propres, modernes et efficients.

Donc si Trump veut rendre la grandeur à son pays, c’est comme cela qu’il doit faire. Sinon, les Américains vont prendre un retard colossal. Et si en parallèle ça protège l’environnement, tant mieux pour nous, et tant pis pour lui!"

Q: Comment vous est venu cet engagement en faveur de l’environnement?

R: "Je suis né dedans. J’ai grandi en ville, mais dans un milieu scientifique. J’ai vécu, enfant, pendant deux ans avec ma famille près de Cap Kennedy, où j’ai vu décoller six fusées Apollo. C’est ce monde de l’exploration qui m’a fasciné, mais de l’exploration qui a un sens.

Quand mon père et mon grand-père ont fait leurs expéditions dans la stratosphère et les fonds marins, c’était déjà pour trouver des solutions pour protéger l’environnement. Mon grand-père a écrit en 1942 un article sur la nécessité de développer l’énergie solaire. En terminant le tour du monde de Solar Impulse, j’ai eu l’impression que je réalisais sa vision."

Source AFP

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