Pour Cécile Duflot, François Hollande est le « président de presonne »

L’ex-ministre française du Logement Cécile Duflot se livre à une charge violente contre François Hollande, le « président de personne », et le Premier ministre Manuel Valls, qu’elle accuse d’avoir pris en otage le gouvernement et de faire disparaître la gauche.

Dans un ouvrage à paraître jeudi, "De l’intérieur, voyage au pays de la désillusion", dont le Nouvel Obs.com publie des extraits, la dirigeante écologiste juge dévastatrice la manie du chef de l’Etat de fixer des objectifs "qu’il ne peut pas tenir".

"François Hollande contre la dette, c’est pire que Sisyphe et son rocher. Un discours d’affichage non suivi d’effets", dit-elle, alors que l’exécutif vient de reconnaître qu’en 2014, ni la croissance, ni le déficit n’atteindraient les niveaux prévus.

A la veille de l’université d’été d’Europe Ecologie-Les Verts, Cécile Duflot justifie son départ du gouvernement en mars, ainsi que celui du second ministre Vert Pascal Canfin, par son impuissance à peser sur les choix de François Hollande.

"J’ai voté Hollande, cru en lui et été déçue… J’ai essayé de l’aider à tenir ses promesses, de l’inciter à changer la vie des gens, de le pousser à mener une vraie politique de gauche. Et j’ai échoué. Alors je suis partie", explique-t-elle.

Pour la députée EELV, faute d’avoir voulu être un président de gauche, le chef de l’Etat "n’a jamais trouvé ni sa base sociale ni ses soutiens". "A force d’avoir voulu être le président de tous, il n’a su être le président de personne."


"VALLS, OBSEDE DE LA POLITIQUE"

Cécile Duflot y voit non une question de tempérament, mais "d’une succession de choix souvent inattendus et, parfois, incohérents entre eux".

Donnant du poids aux arguments des députés socialistes "frondeurs", l’ex-ministre considère que l’erreur majeure de François Hollande est de ne pas avoir renégocié le traité budgétaire européen et s’être ainsi soumis à "l’austérité".

L’élue est encore plus acerbe avec le Premier ministre Manuel Valls, dont l’arrivée à Matignon a précipité son départ et dans lequel elle voit quasiment un homme de droite "obsédé de la politique".

"Dans la ligne qu’il incarne, je ne me reconnaîtrai jamais. Elle est contraire à ce que je suis", dit-elle, en reprochant à l’ex-ministre de l’Intérieur "saturation de l’espace politique et transgression".

"A force de reprendre les arguments et les mots de la droite, de trouver moderne de briser les tabous, et donc de défendre la fin des trente-cinq heures, de dénoncer les impôts, de s’en prendre aux Roms, de prôner la déchéance de la nationalité pour certains condamnés, de taper sur les grévistes, quelle est la différence avec la droite ?", demande-t-elle.

Selon Le Canard Enchaîné, paru mercredi, le Premier ministre a donné pour instruction aux membres de son équipe d’attaquer le bilan de l’ex-ministre du Logement.

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