A la question « Peut-on vendre une église à des musulmans ? », père Alain Krauth répond en citant l’un des textes fondateurs du dialogue interreligieux : le Nostra aetate, une déclaration officielle sur les relations de l’Eglise catholique avec les religions non-chrétiennes, adoptée durant le Concile Vatican II et promulguée le 28 octobre 1965 après signature du pape Paul VI. Ce document stipule que « L’Eglise regarde aussi avec estime les musulmans » et invite à « oublier le passé et à s’efforcer sincèrement à la compréhension mutuelle, ainsi qu’à protéger et à promouvoir ensemble, pour tous les hommes, la justice sociale, les valeurs morales, la paix et la liberté. » Au regard de cette déclaration officielle à valeur de décret, il n’existe pas de frein particulier à la vente de l’église Saint-Eloi à des croyants d’une autre religion.
Le 9 octobre, le père Krauth déclarait au quotidien Le Berry : « Certains seront favorables à ce que leur ancienne église continue à servir de lieu de culte à d’autres croyants, qui vivent un islam modéré, mais d’autres nourrissent une peur, parfois irraisonnée, face à l’islamisme radical, une peur renforcée par l’actualité de ces derniers jours. » Il s’est exprimé plus personnellement dans le même esprit le 22 octobre : « Pour ma part, répond le prêtre, il me semble que si ce bâtiment pouvait permettre à des musulmans modérés de pouvoir célébrer dignement leur foi, dans le respect de la laïcité française et dans des relations courtoises avec la communauté catholique, alors cette vente favoriserait la paix civile et le vivre ensemble. A l’inverse, je regretterais que cette église puisse être achetée par une communauté ou un groupe aux idées radicales, de quelque religion qu’ils puissent être », rapporte le site de la Conférence des évêques de France.
Dans ce même entretien, le curé de la paroisse rappelle que les croyants ont été associés à la décision de vendre l’église Saint-Eloi en 2011. En effet, le site du Berry rapporte qu’une réunion a eu lieu en présence de 60 croyants le 12 mai 2011 et qu’un document de quatre pages expliquant la situation financière de la paroisse leur a été remis. A cette époque, la paroisse était endettée à hauteur de 23.000 euros, ce qui représentait 16% des dépenses annuelles. Sans compter les 66.000 euros empruntés au diocèse qui avait annulé une partie de la dette pour la réduire à 6.000 euros.