Peurs sur la présidentielle française

L’arrestation de deux personnes qui s’apprêtaient commettre un attentat terroriste et imminent contre cette présidentielle française a jeté un froid glacial sur ses débats et changé sa tonalité.

Par Mustapha Tossa

La menace terroriste toujours présente en France, comme en témoignent les multiples conseils de défense présidés à l’Elysée par François Hollande, avait disparu des radars et des débats. Plusieurs raisons expliquent que contrairement à toutes les attentes, la menace terroriste n’était que marginalement discutée. Et même quant elle l’était, cela prenait l’allure d’un catalogue de mesures, toutes en surenchère auxquels le candidat s’engageait pour ne pas laisser aux concurrents le monopole de la fermeté et de la détermination.

Parmi ses raisons qui ont relégué au second plan la discussion approfondie d’une telle préoccupation, on trouve une, régalienne et d’autres qui ont trait avec les évolutions inédites de cette campagne. Les différents candidats, convaincus que, parce que la France était exposée à la menace terroristes, les services de l’Etat avaient pris toutes les mesures indispensables pour protéger cette Présidentielle. Par une sorte d’armistice responsable et de pudeur électorale, Ils s’interdisaient presque d’interroger l’Etat sur les politiques suivies pour mener la guerre contre le terrorisme. Le risque était de tomber dans une logique démagogique, politicienne susceptible de gratter inutilement sur des cicatrices et d’hérisser leurs électorats. D’autant que le principal responsable de ces questions pendant ce quinquennat, François Hollande, ne concoure pas et se contente d’observer de loin ces batailles, tout en réitérant à chaque occasion que toute son action est vouée à la protection des Français.

La seconde raison qui installé un voile épais sur les débats de cette présidentielle fut incontestablement l’interminable et foisonnant feuilleton des affaires de François Fillon. Le Penelopegate a littéralement monopolisé le temps de parole et des postures. Pendant de longs semaines, où les candidats pouvaient dérouler leurs argumentaires sur les thématiques sociétales qui intéressent les Français, y compris les meilleurs manières de lutter contre le terrorisme et la radicalité, elles furent consacrées à se demander si François Fillon pouvait rester dans la course présidentielle. L’interrogation était si aiguë qu’elle obnubilât tous les esprits.

L’autre raison qui a totalement fait passer ces questions de sécurité au second plan fut la montée des extrêmes au point d’envisager le possibilité d’un match final entre Marine Le Pen et Jean Luc Mélenchon. Ces deux icônes ont un point crucial et dangereux en commun: organiser la sortie de la France de l’union Européenne et sonner le glas de son démantèlement. Ces attaques contre l’Union Européenne pouvaient se substituer dans l’esprit de leurs électeurs à des mesures prises pour protéger la France des menaces terroristes. Reprise des frontières nationales pour empêcher la libre circulation des personnes, y compris les immigrés et les terroristes. Reprise des rênes des politiques économiques nationales pour mettre en œuvre cette politique de la protection du "national", en termes d’emploi et de productions industrielles.

Il est clair que cette attentat raté contre la présidentielle française va colorer davantage les discours des uns et des autres. La tentation de la récupération est aussi irrésistible qu’inévitable. Un homme comme François Fillon dont les éléments de l’enquête laissent penser que lui et sa campagne électorale étaient visés par ce projet d’attentat ne pourra pas laisser échapper une telle aubaine. Il fera sans doute ses gammes sur le ton si les organisations terroristes l’ont ciblé, c’est qu’il a été un de ceux qui ont déployé le discours le plus dur, le plus déterminé pour lutter contre le terrorisme. Son livre "Vaincre le totalitarisme islamique" a été un tournant dans sa propre campagne. Sans oublier que François Fillon est celui qui ciblé ouvertement des pays qu’il accuse de parrainer et de financer l’activité terroriste comme le Qatar et l’Arabie Saoudite.

Marine Le Pen, quant à elle n’aura aucun mal à jouer ses gammes anti-immigration qui ont fait le succès historique du Front National. Certains diront qu’elle ne ferait que revenir, de manière Pavlovienne, à ses fondamentaux après une période de tentatives de normalisation et de "dé-diabolisation". Les différents candidats savent que les électeurs français dont une grande majorité n’ont pas encore fixé leurs choix se dirigeront vers les urnes avec une indéniable angoisse sécuritaire. C’est pour ces raisons que les derniers jours, les derniers discours, les dernières postures sont décisives pour prétendre encore influencer leurs votes.

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