Penelope Fillon attendue mardi chez les juges: un rappel des faits

Depuis deux mois, la campagne du candidat de la droite à la présidentielle François Fillon est engluée dans l’enquête sur les emplois passés de son épouse: Penelope Fillon est convoquée mardi dans le bureau des juges d’instruction où elle risque à son tour une mise en examen.

Après François Fillon et son ex-suppléant à l’Assemblée nationale, Marc Joulaud, Mme Fillon est attendue mardi chez les magistrats financiers, selon une source proche du dossier, à moins que le rendez-vous ne soit décalé pour davantage de discrétion.

François Fillon, qui avait annoncé publiquement que sa propre audition aurait lieu le 15 mars, avait lui été mis en examen la veille, à l’abri des caméras, notamment pour détournement de fonds publics et complicité d’abus de biens sociaux, une première pour un candidat majeur à l’Élysée.

L’enquête a depuis été élargie à des soupçons de trafic d’influence, après des révélations sur les costumes de luxe offerts au candidat, mais aussi à des soupçons d’escroquerie aggravée et de faux. À l’issue de son audition, son épouse peut aussi être placée sous le statut plus favorable de témoin assisté.

Emplois fictifs

Les révélations du Canard enchaîné sur les possibles emplois fictifs de Penelope Fillon, pourtant sans profession connue, à La Revue des deux mondes et à l’Assemblée comme assistante parlementaire de son mari, ont jeté le trouble et bouleversé la campagne de l’ex-Premier ministre, qui jusqu’alors avait mis en avant la probité en politique.

Désormais, il dénonce une "machination" et accuse le président François Hollande d’animer un "cabinet noir" contre lui.

3.600 euros par mois

Entre 1986 à 2013 – avec des coupures – l’épouse discrète, qui semblait éloignée de la vie politique, a perçu 680.380 euros net, soit environ 3.600 euros mensuels en moyenne, comme assistante à l’Assemblée de son époux ou de son ex-suppléant Marc Joulaud, également mis en examen vendredi pour détournement de fonds publics.

Penelope Fillon a aussi été rémunérée à La Revue des deux Mondes entre mai 2012 et décembre 2013, pour un salaire de 5.000 euros brut, qu’elle a cumulé avec son emploi d’assistante à partir de juillet 2012, lorsque l’ex-Premier ministre est redevenu député. Les enquêteurs cherchent à savoir si ces emplois étaient effectifs.

Gestion de courrier et agenda

Le clan Fillon a vigoureusement défendu le contenu du travail accompli par l’épouse en tant qu’assistante, dans l’ombre de l’homme politique. François Fillon a mis en avant des "tâches simples mais essentielles" comme la gestion du courrier et de l’agenda et la préparation des discours, dans le cadre d’une relation de travail très personnelle.

Mme Fillon a récemment affirmé avoir remis aux enquêteurs "des courriers avec des notations", "des échanges de mails", mais a concédé avoir retrouvé peu de documents pour les années les plus anciennes.

L’autre enjeu de la convocation de Penelope Fillon porte sur des soupçons d’abus de biens sociaux derrière son emploi à la Revue des deux mondes, propriété de l’homme d’affaires Marc Ladreit de Lacharrière, dont les liens avec François Fillon, un proche, interrogent les enquêteurs.

Penelope Fillon a évoqué plusieurs "notes et des fiches de lecture" mais seules deux recensions ont été publiées. Elle aurait aussi eu un rôle de conseil éditorial auprès de M. de Lacharrière.

Totale liberté

Son contrat de 281 jours par an "lui laissait une totale liberté" dans l’organisation de son travail, a affirmé à l’AFP l’avocat de François Fillon, Antonin Levy. Elle avait mentionné en 2012 un travail mensuel de 14 heures à la Revue des deux Mondes dans une fiche de renseignement saisie fin janvier à l’Assemblée.

Selon Le Monde, les enquêteurs soupçonnent le couple Fillon d’avoir minimisé, pour ne pas violer la règlementation sur le cumul des emplois, les heures effectuées par Penelope Fillon pour la revue alors qu’elle était salariée à l’Assemblée. De "pures rumeurs" selon son avocat Pierre Cornut-Gentille: "tous les documents" sur l’activité de l’épouse du candidat sont "strictement authentiques".

Avec AFP

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