Pena Nieto en France: 1ère visite d’Etat d’un président mexicain depuis 18 ans

Enrique Pena Nieto a quitté samedi le Mexique pour la France où il effectuera la première visite d’Etat d’un président mexicain depuis 18 ans, confirmant le réchauffement des relations entre les deux pays.

Cette visite va permettre de "renforcer nos liens" et signer une série d’accords "sans précédent", a indiqué le vice-ministre mexicain des Affaires étrangères, Carlos Alberto de Icaza.

Le point d’orgue de cette visite sera le défilé militaire du 14 juillet où le Mexique sera à l’honneur avec la présence de 156 militaires des différents corps de son armée et de sa gendarmerie, qui ouvriront la parade avec leurs mascottes, trois faucons et trois aigles.

"C’est la première fois qu’un pays d’Amérique latine est invité à participer au défilé" a souligné le porte-parole de la présidence, Eduardo Sanchez, lors d’une conférence de presse jeudi à Mexico. C’est également la première fois qu’une visite d’Etat est organisée au moment de la fête nationale, souligne-t-on du côté de l’Elysée.

Cette présence exceptionnelle et symbolique marque le réchauffement des relations entre les deux pays, après la grave crise diplomatique provoquée par l’affaire Florence Cassez, qui avait entraîné l’annulation de l’année du Mexique en France en 2011. "Jamais la relation entre nos deux pays n’a été aussi bonne" souligne le porte-parole de M. Pena Nieto.

Au cours de cette longue visite d’Etat de quatre jours, le président mexicain, qui sera accompagné de son épouse, signera notamment des accords dans le domaine de la sécurité, de l’énergie, de la santé et de l’éducation, afin de "densifier" encore la relation entre les deux pays, indique l’Elysée.

– Achats d’hélicoptères –

Pena Nieto se déplacera mercredi à Marignane pour visiter notamment les usines d’Airbus Helicopters où il devrait annoncer l’achat de plusieurs hélicoptères militaires Super Puma, avant de participer à un dîner avec le président François Hollande au Musée des civilisations de l’Europe et la Méditerranée (MuCEM) à Marseille.

D’autres accords dans le domaine de l’énergie pourraient également voir le jour alors que le Mexique s’apprête à privatiser partiellement son secteur pétrolier, propriété de l’Etat depuis 1938, à l’issue d’une réforme historique.

Au total, "une vingtaine d’accords" sera signée entre les entreprises françaises et mexicaines, indique l’Elysée, qui précise toutefois qu’il n’y aura pas d’annonce de "grands contrats".

Le président mexicain rencontrera les présidents de l’Assemblée et du Sénat et se rendra à la mairie de Paris. La visite comportera également un volet culturel avec la présentation du projet de la future Maison du Mexique, sur les bords de Seine, et un déplacement à l’UNESCO.

En 2014, les échanges commerciaux entre la France et la deuxième économie d’Amérique latine se sont élevés à 4,3 milliards d’euros. Au cours des cinq dernières années, ils ont connu "une croissance annuelle de 16% en moyenne" selon Maryse Bossière, ambassadrice de France au Mexique. Malgré ce dynamisme, la France figure seulement au 12ème rang des partenaires commerciaux du Mexique et au 5ème rang des pays européens.

– Une armée en accusation –

Quelques nuages planent toutefois sur ces retrouvailles franco-mexicaines presque idylliques.

Le PCF a exprimé vendredi son "indignation" qualifiant la présence de Pena Nieto "de mépris vis-à-vis de tous ceux qui se battent contre le règne de l’impunité, de la corruption et de la violence".

Des membres du parti mexicain de gauche Morena se sont également élevés contre cette visite et un collectif baptisé Paris-Ayotzinapa a annoncé son intention de manifester à Paris.

Ces militants dénoncent notamment la présence sur les Champs-Elysées de militaires régulièrement pointés du doigt par les ONG et défenseurs des droits de l’Homme pour la brutalité de leurs méthodes.

Le rapporteur spécial de l’ONU sur la torture, Juan Méndez, avait estimé en septembre dernier que la torture au Mexique était "généralisée" et pratiquée par les militaires et les policiers en toute "impunité". Tout récemment, une ONG mexicaine a révélé que des militaires impliqués dans un probable massacre à Tlatlaya (centre) avait reçu l’ordre d’"abattre des délinquants".

Malgré une popularité altérée par la disparition fin septembre de 43 étudiants livrés par la police locale à un groupe criminel, le président Pena Nieto a remporté en juin une victoire aux élections législatives et locales de mi-mandat, et dispose de la majorité à l’Assemblée mexicaine.

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