Paris et Berlin veulent prendre l’intégration de la zone euro à bras le corps

Après les mots, du concret : la France et l’Allemagne se sont engagées lundi à accélérer l’intégration au sein de la zone euro au nom de la croissance économique et de l’emploi et pour résister aux populismes.

"Cela fait des années qu’on parle de progrès dans l’intégration de la zone euro", a déclaré le ministre français de l’Economie Bruno Le Maire -nommé le 17 mai à ce poste- au cours de sa première visite à Berlin depuis qu’il a pris ses fonctions.

"Et bien nous sommes désormais décidés à faire avancer les choses plus vite, plus loin, de manière très concrète", a-t-il ajouté pendant une conférence de presse commune avec le grand argentier allemand Wolfgang Schäuble qui a permis aux deux hommes d’afficher leur bonne entente, comme l’avaient fait la semaine dernière la chancelière Angela Merkel et le nouveau président français Emmanuel Macron.

MM. Le Maire et Schäuble ont annoncé la création d’un groupe de travail qui devra présenter des propositions "très concrètes" pour progresser dans l’intégration à l’intérieur de la zone euro.

Le responsable français a cité en premier lieu la "convergence fiscale", un "sujet dont on parle depuis des années" mais qui cette fois-ci sera pris "à bras le corps". Parmi les autres sujets, figurent la "coordination des politiques économiques" et des investissements franco-allemands communs.

Selon M. Schäuble, les premiers travaux du groupe seront présentés au cours d’un conseil des ministres franco-allemand prévu pour juillet.

"Nous savons que le renforcement de l’union monétaire est d’une importance capitale et nous avons la conviction commune que la France et l’Allemagne ont la responsabilité particulière d’en être le moteur", a souligné le ministre allemand.

Les deux hommes se sont inscrits dans le discours tenu par M. Macron et Mme Merkel qui veulent donner une nouvelle impulsion à l’Europe, mise à mal par la montée des mouvements populistes ou encore la décision du Royaume-Uni de quitter la famille européenne.

La chancelière a de son côté insisté sur sa volonté d’"aider" M. Macron "afin qu’il puisse réussir".

"Si nous ne réussissons pas, alors ce seront ceux des extrêmes qui réussiront", a mis en garde de son côté M. Le Maire.

Les deux ministres ont aussi prévu de travailler sur le chantier institutionnel qui doit permettre de conduire à un gouvernement économique de la zone euro.

Il s’agit de la question de la création d’un poste de ministre des Finances de l’union monétaire voulue par M. Macron ou de celle de la constitution d’un Fonds monétaire européen comme souhaité par M. Schäuble.

Les chefs des diplomaties allemande et française, Sigmar Gabriel et Jean-Yves Le Drian, qui se sont aussi vus lundi après-midi à Berlin, ont également insisté sur l’importance des initiatives franco-allemandes tant dans le domaine économique, que dans ceux de la sécurité et de la défense.

"Il s’agit de montrer de manière concrète que la France et l’Allemagne peuvent représenter une Europe moderne et neuve et faire avancer le processus", a dit le ministre allemand.

M. Le Drian a aussi plaidé pour "une phase d’accélération et de renforcement (…) du moteur franco-allemand" qui fut au coeur de la construction européenne.

La question de la révision des traités européens voulue par M. Macron mais qui suscite la méfiance en Allemagne n’a semble-t-il pas été abordée sur le fond. "Je pense qu’il ne faut pas perdre de temps à ne parler que du moyen terme et des révisions" des traités, a dit M. Gabriel.

Par ailleurs, M. Le Maire s’est voulu rassurant sur le "Brexit", jugeant qu’il pourrait aussi permettre à "nos entreprises financières d’être plus attractives qu’elles ne l’étaient auparavant".

Il n’a en revanche rien dit des difficiles négociations qui doivent s’ouvrir pour définir les conditions de sortie de l’UE du Royaume-Uni, après que les Etats membres ont confirmé lundi le mandat de leur émissaire, le Français Michel Barnier.

Avant de partir ensemble à Bruxelles pour une réunion des ministres des Finances de l’Eurogroupe, les deux ministres se sont enfin déclarés confiants dans un règlement prochain du dossier grec, M. Schäuble saluant les récentes mesures d’austérité prises par Athènes.

afp

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