Paradis fiscaux : un ministre algérien cité dans une enquête internationale

Une fuite massive de documents révélée dimanche par plus de 100 journaux à travers la planète a mis au jour des avoirs de 140 responsables politiques dans les paradis fiscaux. Parmi eux figurent 12 anciens ou actuels chefs d’Etat et de gouvernement. L’Algérie n’a pas été oubliée.

Parmi les centaines de noms de dirigeants, le nom d’Abdeslam Bouchouareb, ministre algérien de l’Industrie et des mines est cité. Selon les documents révélés par le Consortium international des journaliste d’investigations (ICIJ) il possède une société offshore basée à Panama. Ces journalistes ont révélé une fuite massive de documents prouvant que de nombreux chefs d’Etat, politiciens et personnages publics ont des propriétés partout dans le monde ainsi que des propriétés offshore. Sur le document concernant Bouchouareb, on peut y découvrir le nom de la société (Royal Arrival Corp), la date (10 juillet 2015) son adresse, son numéro de téléphone, sa fonction, ainsi que son adresse physique.

La fortune d’Abdeslam Bouchouareb a déjà été pointée par "Paris Alger, une histoire passionnelle" de Christophe Dubois et Marie-Christine Tabet. Ce livre-enquête paru en France a révélé que le ministre de l’Industrie est à la tête de biens immobiliers dans des quartiers chics de Paris. Le lundi 26 juin 2006, lit-on dans ce livre, Abdeslam Bouchouareb a rendez-vous boulevard Saint Germain à Paris dans une étude notariale d renom". Et pour cause, il vient d’acheter deux lots d’une surface globale de 156 m2, dans un quartier très chic de Paris. La valeur de ce bien immobiliée est estimée à 1 180 000 euros. Selon l’acte de propriété, Bouchouareb a payé comptant 580 000 euros. Le reste, soit 600 000 euros, il a fait l’objet d’un prêt-relais d’une année seulement auprès de la banque lilloise du Crédit du nord. Un record pour un prêt ! Comment a-t-il pu rembourser un pactole pareil en un an ? Un mystère que la justice algérienne n’est pas disposée à élucider.

Ce pactole, comme au demeurant cette société au Panama constituent un scandale. Cette énième révélation lui coutera-t-elle son poste ? Dans une république normalement constituée, il y a longtemps qu’il aurait sauté.

Enquête mondiale

Le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) précise sur son site internet que plus de 214 000 entités offshore apparaissent dans ces documents liés à plus de 200 pays et territoires à travers le monde.

Parmi les personnalités mentionnées dans cette enquête, portant sur 11,5 millions de documents et qui a duré environ un an, figure notamment un cercle rapproché de personnalités autour du président russe, Vladimir Poutine. Les associés de M. Poutine auraient détourné plus de 2 milliards de dollars avec l’aide de banques et de sociétés-écran.

Cabinets d’avocats

Les documents, d’abord obtenus par le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung avant d’être répartis au sein du consortium ICIJ, proviennent du cabinet d’avocats Mossack Fonseca, qui a opéré pendant 40 ans sans jamais avoir d’ennuis avec la justice, selon la BBC.

En Suisse, le travail a été coordonné par la cellule enquête du "Matin Dimanche" et de la "SonntagsZeitung". "Ces révélations montrent à quel point des pratiques nocives et la criminalité sont profondément enracinées dans les places offshore", selon Gabriel Zucman, un économiste de l’université de Californie à Berkeley cité par l’ICIJ.

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