Ouyahia appelle la Turquie à cesser de faire de la colonisation française en Algérie un « fonds de commerce »

Le Premier ministre Algérien Ahmed Ouyahia a appelé samedi la Turquie à cesser de faire de la colonisation française en Algérie un "fonds de commerce" à des fins politiques domestiques.

"Nous disons à nos amis (turcs) de cesser de faire de la colonisation de l’Algérie un fonds de commerce", a déclaré à la presse M. Ouyahia à l’issue d’une réunion de la direction de son parti, le Rassemblement national démocratique (RND), membre de la coalition au pouvoir.

"Chacun est libre dans la défense de ses intérêts, mais personne n’a le droit de faire du sang des Algériens un fonds de commerce", a souligné M. Ouyahia.

Le Premier ministre s’exprimait en réponse à une question sur les déclarations de son homologue turc Recep Tayyip Erdogan qui avait accusé en décembre la France d’avoir perpétré un génocide en Algérie.

En réaction au vote en France d’un texte de loi réprimant la négation du génocide arménien, M. Erdogan avait accusé le président français Nicolas Sarkozy de jouer sur "la haine du musulman et du Turc", et la France d’avoir commis un génocide en Algérie lors du processus d’indépendance (de 1945 à 1962).

La Turquie "avait voté (à l’ONU) contre la question algérienne de 1954 à 1962" pendant la guerre d’indépendance contre la France, a rappelé M. Ouyahia.

"La Turquie qui était membre de l’Otan pendant la guerre d’Algérie, et qui l’est encore, avait participé comme membre de cette Alliance à fournir des moyens militaires à la France dans sa guerre en Algérie (…)", a-t-il ajouté.

L’empire Ottoman a contrô lé la région d’Alger de 1518 à 1830.

Ces déclarations viennent en contradiction de la position exprimée par le Front de libération nationale (FLN), qui a mené la guerre d’indépendance et formation aujourd’hui alliée du RND au sein de la coalition au pouvoir.

Le FLN, qui réclame régulièrement une repentance ou des excuses de la part de la France, avait jugé que M. Erdogan n’avait fait qu’exprimer une "exigence historique" de l’Algérie.

"Nous allons obtenir des excuses de la France par notre force, comme l’a fait la Chine avec le Japon et la Corée du Sud", a estimé pour sa part M. Ouyahia qui a qualifié la demande de criminaliser la colonisation française "de carte politique, pas plus".

Un projet de loi criminalisant le colonialisme français a été présenté au parlement en février 2010 mais reste pour l’heure dans un tiroir en raison de "considérations diplomatiques et juridiques", selon les termes utilisés en octobre de la même année par le président de l’Assemblée nationale algérienne Abdelaziz Ziari.

Le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé avait déclaré en juin lors d’une visite en Algérie que les Français "n’étaient pas encore prêts" à la repentance et appelé à ne "pas ressasser indéfiniment" le passé colonial.

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