ONU : ce qu’il faut retenir du discours d’Emmanuel Macron

Après le discours très offensif de Donald Trump, le président de la République s’est exprimé devant l’Assemblée générale de l’ONU.

Après Donald Trump, c’était au tour d’Emmanuel Macron d’effectuer son grand oral à la tribune de l’ONU. "L’histoire jugera": après avoir plaidé à l’ONU en faveur du multilatéralisme et sévèrement critiqué, sans le citer, les positions de Donald Trump, Emmanuel Macron reste persuadé que sa bonne relation avec le président américain paiera "sur la durée". Devant l’Assemblée générale de l’ONU, improvisant parfois, le président français a réaffirmé ses convictions sur la mise en oeuvre de l’accord de Paris sur le climat, suscitant des applaudissements, et sur une solution non militaire contre la Corée du Nord. Il a aussi soutenu fortement l’accord nucléaire avec l’Iran. Défaire cet accord serait "une lourde erreur" et saper l’accord de Paris menace la planète, selon lui. Autant de positions aux antipodes de celles de Donald Trump qu’il avait essayé de convaincre la veille lors d’un entretien bilatéral.

Mais le président américain a tenu avant lui un discours belliqueux, en menaçant la Corée du Nord, en dénonçant l’accord avec l’Iran comme "un des pires" pour les Etats-Unis et… sans dire un mot sur le climat. Pourtant le président français veut croire qu’il pourra à terme convaincre Donald Trump en "partageant nos désaccords". "Cette méthode sera efficace dans la durée", a-t-il dit devant la presse. Lundi, son entrevue avec Donald Trump n’aurait guère pu être plus chaleureuse. Donald Trump lui a fait part de son admiration: "Il est fort, il est intelligent, c’est un honneur d’être avec Emmanuel", a-t-il dit.

"Réinventer" l’ONU

Comme pour la France et l’Europe, le président français a indiqué mardi vouloir réformer l’ONU pour la "réinventer". Mais il s’est borné dans son discours à rappeler son désir d’une ONU plus efficace, y compris en surveillant mieux l’affectation de l’aide au développement. "Nous avons besoin de sortir de nos bureaux. Nous avons besoin d’un Conseil de sécurité qui puisse prendre des décisions efficaces et ne pas être enfermé dans un droit de veto quand des atrocités de masses sont commises", a-t-il dit. Il a réclamé que l’ONU "porte les voix oubliées" des réfugiés et des opprimés. "Notre sécurité, c’est leur sécurité", a-t-il conclu en réclamant un "multilatéralisme fort". Dans son approche, le président français revendique le pragmatisme en credo. A une journaliste qui lui reprochait de ne pas réclamer le départ du dirigeant syrien Bachar el-Assad, tout en demandant son jugement pour crime, il a expliqué que sa position n’était pas contradictoire mais "pragmatique" et "plus sophistiquée" qu’une position de principe inefficace.

Adepte du dialogue avec tous, Emmanuel Macron a rencontré lundi le président iranien Hassan Rohani, ou encore, ce qui n’était pas prévu, Paul Kagame, président du Rwanda, aux relations compliquées avec la France depuis le génocide de 1994. "Face aux crises, nous devons avoir une réponse dont le socle est le multilatéralisme des Nations unies (…) Non pas pour reproduire des habitudes passées mais pour réussir à le réinventer", avait-il dit mardi matin à des journalistes.

"Refonder" l’UE

Sa prochaine ambition, relancer la machine Europe: la semaine prochaine, il présentera à ses partenaires européens une feuille de route sur dix ans pour "refonder" l’Union européenne en proposant "une Europe à plusieurs formats", avec un ministre et un Parlement de la zone euro. Dans les rues de Manhattan, le président français est aussi resté fidèle à ses habitudes d’aller au contact des gens. Profitant d’un court déplacement à pied sur la Seconde Avenue, il a serré la main de passants et accepté d’être pris en photo. De quoi rendre très nerveux ses gardes du corps dans le quartier du siège de l’ONU, mis sous haute sécurité pour toute la durée cette semaine de l’Assemblée générale.

Avec AFP

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