« Nous ne nous laisserons pas faire »: les musulmans d’Amérique entre peur et optimisme

Devant les convives en grande tenue, presque tous musulmans, Ahmed Rehab se dirige vers un pupitre et se lance dans un virulent discours contre la nouvelle administration Trump, porteur des craintes mais aussi des espoirs de sa communauté.

"Ce combat n’est pas seulement le nôtre, c’est le combat de l’Amérique", s’exclame-t-il devant quelque 1.200 invités, venus pour une levée de fonds au bénéfice du Conseil des relations américano-islamiques (CAIR) de Chicago, qu’il préside.

"Quand vous regardez ceux qui essaient d’interdire les bonnes personnes d’entrer dans ce pays, (…) les personnes qui n’ont commis d’autre crime que d’être musulmans (…) nous ne nous laisserons pas faire", lance Ahmed Rehab, sous un tonnerre d’applaudissements.

Les musulmans aux Etats-Unis sont vent debout contre le second décret de Donald Trump, actuellement bloqué par la justice, qui interdit temporairement l’entrée aux Etats-Unis des ressortissants de six pays à majorité musulmane (Iran, Libye, Syrie, Somalie, Soudan et Yémen).

Mais ils craignent aussi une montée de l’islamophobie ou d’être spécifiquement visés par la nouvelle administration.

"Il y a une vraie crainte de ce qui va advenir par la suite, de ce qui va se passer, de qui sera visé", explique Louise Cainkar, présidente de l’Arab American Studies Association et auteure d’un livre sur la manière dont les politiques gouvernementales après les attentats du 11 septembre 2001 ont affecté les communautés arabes et musulmanes aux Etats-Unis.

L’an dernier, le nombre d’organisations islamophobes a triplé, selon le Southern Poverty Law Center, qui recense les groupes extrémistes. Et en 2015, le nombre d’actes islamophobes a augmenté de 67%, selon le FBI. Des chiffres qui pourraient continuer à augmenter compte tenu des nouveaux incidents qui sont relatés.

Le mois dernier, un incendie a ravagé une mosquée en Floride, et un homme dans le Kansas a été accusé d’avoir tiré contre deux Indiens qu’il avait confondus avec des ressortissants du Moyen-Orient, tuant l’un d’entre eux. Cette semaine, une personne a disséminé des copies déchirées du Coran, le livre sacré des musulmans, autour d’une mosquée à Tucson, dans l’Arizona, selon le centre islamique de la ville.

La multiplication des menaces et des actes islamophobes a toutefois réussi une chose: rassembler les musulmans et leurs soutiens.

Ahmed Rehab a salué les nouveaux alliés de sa communauté, comme les avocats non musulmans venus aider les voyageurs bloqués dans les aéroports après la signature du premier décret migratoire de Trump le 27 janvier, qui interdisait l’entrée des Etats-Unis à sept pays musulmans et avait provoqué le chaos aux frontières du pays.

Atlasinfo avec AFP

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