Nostalgiques du « printemps arabe »

«Dans les révolutions, il y a deux sortes de gens : ceux qui les font et ceux qui en profitent.» C’est avec cette sentence de Napoléon Bonaparte – expert en la matière – que Mathieu Guidère, professeur d’islamologie, conclut son ouvrage sur les Cocus de la révolution. Récit de voyage «au cœur du printemps arabe», l’universitaire nous promène du Qatar au Maroc en passant par l’Egypte, la Libye, la Tunisie et l’Algérie, afin de rassembler les témoignages de ceux qui se sont battus pour la démocratie et se retrouvent aujourd’hui sous la menace des pires théocraties.

Cocus, trahis, déçus… Mathieu Guidère se range évidemment parmi ces démocrates et républicains qui ont cru à un printemps progressiste et libertaire et ne comprennent toujours pas comment la religion a pu ainsi s’imposer dans les urnes. Pour cerner cet état d’esprit, l’auteur n’hésite pas à revenir sur les éléments historiques qui ont vu naître les nations arabes et, plus près de nous, les événements qui ont fait éclater les révolutions de 2011.

Mais le récit n’est pas une suite de lamentations. C’est aussi une chronique pleine de vie grâce à l’enthousiasme que l’auteur laisse transparaître dans son voyage, notamment à travers la musique qui l’accompagne en tout lieu. Il évoque ainsi les plus grands chanteurs arabes et fait partager son plaisir à l’écoute de ces mélodies nostalgiques et plaintives. Les dialogues tirés des différentes discussions avec ses interlocuteurs ponctuent le récit. Du chauffeur libyen à l’universitaire égyptien, ces rencontres sérieuses ou cocasses dressent un portrait intimiste d’une culture qui interpelle nos certitudes occidentales.

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