Norvège : Breivik jette un peu de lumière sur les Chevaliers Templiers

Anders Behring Breivik, jugé pour le massacre de 77 personnes en Norvège, a levé un petit peu le voile sur le mystique réseau de militants nationalistes chargés de commettre des « actes héroïques ».

Norvège : Breivik jette un peu de lumière sur les Chevaliers Templiers
Mis sur le gril sur les origines de cette organisation dont la police norvégienne n’a pu prouver l’existence, l’extrémiste de droite est revenu sur une rencontre fondatrice qui, selon lui, s’est tenue à Londres en 2002 avec trois autres nationalistes.

"L’essence de tout le réseau (…) est d’associer un acte héroïque à une identité", a déclaré Breivik lors de la troisième journée d’audience du procès où il est poursuivi pour "actes de terrorisme".

Informelle et composée de "cellules individuelles et autonomes" censées agir indépendamment les unes des autres, l’organisation visait à "unifier tous les militants nationalistes d’Europe". Elle a vu le jour en avril/mai 2002 lors d’une réunion à Londres avec d’autres militants nationalistes dont il a refusé de donner le nom.

"Je ne souhaite pas fournir d’informations susceptibles de conduire à des arrestations supplémentaires", a-t-il dit, opposant à de très nombreuses reprises une fin de non-recevoir aux questions pressantes de la procureur Inga Bejer Engh.

Lors de cette rencontre, Breivik a expliqué s’être vu confier la tâche de rédiger un "compendium" –le manifeste de 1.500 pages qu’il a diffusé juste avant de perpétrer ses attaques le 22 juillet 2011– pour diffuser l’idéologie nationaliste et inciter d’autres militants à l’action.

Fantassin prêt à mourir

"Le problème pour les militants nationalistes depuis la Seconde Guerre mondiale est l’absence de modèles à suivre", a estimé Breivik, se présentant en "fantassin" prêt à mourir pour servir sa cause.

Le 22 juillet, Breivik avait tué 77 personnes, essentiellement des adolescents, en tirant sur des jeunes travaillistes réunis en camp d’été sur l’île d’Utoeya, juste après avoir fait exploser une bombe près du siège du gouvernement norvégien. S’estimant en guerre pour protéger l’Europe contre "l’invasion musulmane", l’extrémiste de 33 ans a reconnu les faits mais refuse de plaider coupable.

Interrogé sur l’origine de son engagement, Breivik a expliqué être entré "incidemment" en contact sur internet avec une personne à l’étranger en 2001, dont il a tu le nom. S’en serait suivi un voyage au Liberia en avril 2002 pour y rencontrer un nationaliste serbe, sans vouloir là non plus préciser son identité ni les raisons exactes de ce voyage.

Selon les médias norvégiens, il s’agissait de l’ex-officier de police serbe Milorad Ulemek, actuellement en prison dans son pays. Celui-ci a nié avoir rencontré Breivik, toujours selon les médias norvégiens.

A force de questions, Breivik a lâché que le voyage faisait partie d’une série "de tests physiques et psychologiques" dans un processus de sélection que ses pairs énigmatiques lui ont fait subir afin de s’assurer de sa loyauté.

Pour justifier ce périple dans un pays africain alors ravagé par une guerre civile et qu’il a décrit comme "un trou" en plein western, Breivik a expliqué avoir utilisé "deux couvertures". Aux autorités libériennes, il a dit être en mission pour l’Unicef. A ses amis et contacts africains, il a expliqué son voyage par un négoce de diamants.

Coopératif mardi sur les questions liées à son éducation et ses activités professionnelles –l’accusation cherchant à mettre en lumière ce qui a conduit à sa radicalisation–, Breivik était mercredi beaucoup moins bien disposé face aux questions de la procureure.

A plusieurs reprises, il a accusé Mme Bejer Engh d’essayer de le "délégitimer" et "ridiculiser", expliquant les incohérences dans ses déclarations par des "étourderies" et des défaillances de mémoire pour des faits anciens.

La question de la santé mentale de Breivik, jugé pénalement irresponsable dans une première expertise psychiatrique puis responsable par une contre-expertise, est centrale dans ce procès qui doit durer 10 semaines.

Déclaré pénalement irresponsable, il risque l’internement psychiatrique à vie. Responsable, il encourt 21 ans de prison, une peine qui pourrait ensuite être prolongée aussi longtemps qu’il sera considéré comme dangereux.

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