Nicolas Sarkozy veut moderniser, voire refonder la relation avec le Gabon

La visite du président français Nicolas Sarkozy au Gabon le 24 février aspire à donner « un nouveau départ » à la relation franco-gabonaise en l’installant dans un « nouveau cadre plus modernisé, plus partenarial »

Nicolas Sarkozy veut moderniser, voire refonder la relation avec le Gabon
Nicolas Sarkozy, qui effectue ce mercredi une visite à Franceville pour s’incliner sur la tombe d’Omar Bongo et à Libreville pour la partie politique de son programme, estime que la modernisation de la relation France-Gabon est un « impératif de transparence".

"Transparence sur nos intérêts, qui doivent être assumés ; transparence sur nos objectifs ; et transparence sur nos engagements communs », a-t-il expliqué dans un entretien au journal gabonais "L’union".

Cette nouvelle vision, selon l’Elysée, doit être une démarche commune dont la concrétisation passe par la modernisation, voire la refondation de la relation bilatérale entre les deux pays.

Cette refondation doit passer par une renégociation des accords de défense entre les deux pays. "C’est aujourd’hui chose faite et je signerai ce nouvel accord avec le président Ali Bongo Ondimba », a dit le président français.

Après le Cameroun et le Togo, le Gabon sera le troisième pays africain à réviser ainsi des accords militaires qui, pour certains, remontaient à leur indépendance en 1960.
Une première aussi, ce nouvel accord sera soumis à la ratification des parlements gabonais et français et ses termes seront publiés.

"On sort de la logique initiale qui était celle de 1960", souligne-t-on dans l’entourage du président français, indiquant que la logique qui prévaut aujourd’hui est de centrer des relations militaires "sur la coopération entre les armées, sur la formation des armées nationales et aussi sur l’utilisation des dispositifs français au service des organisations régionales".

A la veille de la visite de Nicolas Sarkozy au Gabon, la France a annoncé la fermeture d’un accord commun avec les autorités sénégalaises de sa base de Dakar, où elle ne conservera qu’une "plate-forme régionale de coopération".

Cette décision signifie le maintien de la base de Libreville, le livre blanc de la défense adopté en 2008 prônant le maintien d’une seule base française sur le littoral d’Afrique de l’Ouest.
Le contingent français du Gabon s’élève à près de 1200 hommes.

Pour Paris, une relation franco-gabonaise est aussi par l’instauration d’un « véritable partenariat, d’égal à égal » ; « C’est tout un changement de philosophie dans nos rapports », a souligné Nicolas Sarkozy qui a promis d’y poser la première pierre avec son homologue gabonais en concluant un Plan d’action élaboré en commun pour répondre aux ambitions d’un Gabon émergent.

Ce Plan d’action va définir des valeurs et des objectifs communs et apporter des réponses concrètes aux préoccupations gabonaises en matière de financement des infrastructures, de formation professionnelle, du financement des opérateurs gabonais par les banques privées, du renforcement d’un partenariat minier entre les deux pays ou encore l’accroissement des investissements français au Gabon.

La France a, également, fait savoir qu’elle ne craint pas la concurrence économique et l’arrivée de nouveaux partenaires sur le marché gabonais. Au contraire. « Cette concurrence est une très bonne chose car elle permet de démontrer que la France et ses entreprises sont des partenaires privilégiées du Gabon non pas en vertu de privilèges indus ou d’un simple héritage, mais parce qu’elles le méritent ».

« Il n’y a plus de pré-carré et il ne doit plus y en avoir », a asséné le président français, ajoutant que « La France estime tout à fait normal que le Gabon diversifie ses partenaires dans la mesure où cela peut profiter à son développement ».

« Et puis ce serait tenir un double langage que d’afficher notre souhait de voir l’économie gabonaise
connaître des progrès tout en revendiquant je ne sais quelle exclusivité pour investir ou exporter au Gabon. Ce n’est pas ma conception des choses et ce n’est pas l’idée que je me fais de l’amitié entre nos deux pays », a estimé Nicolas Sarkozy.

Le président français profite ainsi de l’occasion pour dénoncer un « mythe persistant » au Gabon selon lequel la France serait mécontente du projet d’exploitation de la mine de fer de Belinga par une société chinoise. « Comment pourrait-elle l’être quand aucune société française n’exploite plus le fer en France ou n’importe où dans le monde », selon M. Sarkozy qui veut qu’on ne retienne de ce déplacement au Gabon que « l’affirmation d’une fidélité » non seulement à son amitié avec le peuple gabonais, mais aussi aux engagements que la France a pu prendre et à sa volonté de faire évoluer cette relation afin de répondre au mieux aux ambitions des nouvelles autorités gabonaises.

Avant de s’envoler jeudi pour le Rwanda, le président français va rencontrer l’opposition gabonaise.
A Kigali, Nicolas Sarkozy va essayer de renouer avec ce pays qui avait rompu ses relations diplomatiques avec la France fin 2006, après l’émission par le juge Jean-Louis Bruguière de mandats d’arrêt contre neuf proches du président tutsi rwandais, soupçonnés d’avoir fomenté l’attentat qui a coûté la vie en 1994 à son prédécesseur hutu, Juvenal Habyarimana.

Cette réconciliation avec le Rwanda « fait disparaître un irritant majeur qui, à cause des accusations de complicité de génocide, nuisait à l’image de la France sur l’ensemble du continent", selon Paris.

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