Nicolas Sarkozy rattrapé par le boomerang Kadhafi

Nicolas Sarkozy rattrapé par le boomerang Kadhafi
C’est un chapelet de mésaventures diplomatiques que subit Nicolas Sarkozy. A son autisme tunisien s’est ajouté son hésitation égyptienne, le tout mixé à fortes dose aux maladresses de sa ministre des affaires étrangères Michelle Alliot-Marie et des étincelles de son ambassadeur Boris Boillon. Voilà que maintenant le président de la république subit de plein fouet l’effet boomerang de Mouammar Kadhafi.

Plus le Rais Libyen s’enfonce dans sa folie meurtrière, plus épais est l’embarras de Nicolas Sarkozy à justifier qu’au début de son quinquennat, il avait, contre l’avis d’une grande partie de sa majorité et de l’opposition, déroulé un tapis rouge à un des plus sanglants dictateurs de son époque. Dans une démarche, un brin sadique, la presse, écrite et télévision, se plaisent à remuer le couteau dans la plaie en sortant les images et les citations encore fraîches de Nicolas Sarkozy qui sous prétexte de vouloir vendre l’industrie française à Kadhafi lui trouve les circonstances les plus atténuantes.

La chute annoncée de Mouammar Kadhafi amplifie le rêve brisé de Nicolas Sarkozy en Méditerranée. Avec le départ de Zine Al Abiddine Ben Ali et de Hosni Moubarak, le président français avait déjà perdu les deux grands piliers sur lesquelles il avait décidé de reposer son chantier diplomatique méditerranéen. Les malheurs actuels de Mouammar Kadhafi offrent aux détracteurs de Nicolas Sarkozy l’occasion de souligner à quel point le président français, candidat à sa propre succession, s’est trompé lorsqu’il avait décrété une incompatibilité entre la Realpolitik chargée de défendre les intérêts stratégiques de la France et une certaine idée des droits de l’homme qui avait toujours fait partie de l’essence même de la touche France.

Ce n’est donc pas un hasard si la secrétaire d’Etat, Rama Yade, qui avait incarné cette philosophie sous la houlette de Bernard Kouchner au début du mandat de Nicolas Sarkozy, a retrouvé de la voix. Elle avait à l’époque créé la sensation du moment en déclarant à l’occasion de la visite de Kadhafi à Paris : « notre pays n’est pas un paillasson sur lequel un dirigeant, terroriste ou non, peut venir s’essuyer les pieds du sang de ses forfaits ». Cette phrase lui avait valu une chute dans l’estime présidentielle suivie d’une traversée du désert rebondissante qui l’avait conduite à s’occuper des sports sous la tutelle très encadrée de Roselyne Bachelot pour finir aujourd’hui ambassadeur de France à l’Unesco.

Aujourd’hui, Nicolas Sarkozy rencontre toutes les difficultés du monde à justifier une telle proximité avec le Raïs Libyen. Un des arguments qui peuvent alléger la pression est de dire que les principales capitales européennes, par le marché libyen alléchées, avaient déroulé le tapis rouge à Mouammar Kadhafi. Sauf qu’en termes de protocoles et de caprices, les concessions faites au Rais libyen à Paris ont paru spectaculaires.

Mais delà de ses symboles, l’ensemble de la gouvernance diplomatique de Nicolas Sarkozy est objet à critiques. En témoigne la sortie inédite dans les colonnes du journal « Le Monde » d’un groupe de diplomates qui signe de manière anonyme, un réquisitoire contre les choix et la méthode présidentiels. Ce groupe fait ce constat : « notre politique étrangère est placée sous le signe de l’improvisation et d’impulsions successives, qui s’expliquent souvent par des considérations de politique intérieure » Constat qui aboutit à ce résultat : « « L’Europe est impuissante, l’Afrique nous échappe, la Méditerranée nous boude, la Chine nous a domptés et Washington nous ignore ».

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