Nicolas Sarkozy rattrapé par l’affaire Bettencourt

Le président français Nicolas Sarkozy est pour la première fois directement visé par un juge d’instruction dans l’affaire Bettencourt. Le président sortant qui brigue un second mandat à l’Élysée est désormais soupçonné d’avoir fait financer illégalement sa campagne présidentielle de 2007 à l’aide de la fortune de l’héritière de l’empire cosmétique L’Oréal, Lilliane Bettencourt.

À moins d’un mois de la présidentielle (22 avril et 6 mai), au cours de laquelle Nicolas Sarkozy briguera un nouveau mandat, les révélations s’accumulent sur les trouvailles des juges chargés de ces affaires, suscitant mardi des demandes d’explications de l’opposition.

Dans une ordonnance rédigée le 22 mars, avant l’incarcération de l’ancien homme de confiance de Liliane Bettencourt, Patrice de Maistre, le juge d’instruction évoque deux retraits en espèces de 400 000 euros, selon le texte de ce document publié par le Journal du Dimanche.

Le premier de ces retraits a eu lieu le 5 février 2007, «deux jours avant» un rendez-vous entre Patrice de Maistre et Éric Woerth, qui était le trésorier de la campagne Sarkozy. Or l’ex-comptable des Bettencourt, Claire Thibout a toujours soutenu que M. de Maistre lui avait dit vouloir remettre de l’argent à M. Woerth.

Un autre retour de 400 000 euros (530 000 $) a été découvert le 26 avril 2007. Or François-Marie Banier, proche de l’héritière des cosmétiques L’Oréal, fait état, le même jour dans son journal personnel, d’une confidence de Liliane Bettencourt la citant en train de dire: «De Maistre m’a dit que Sarkozy avait encore demandé de l’argent. J’ai dit oui», selon le journal Le Monde paru mardi.

Dans son ordonnance, le juge Jean-Michel Gentil vise aussi des témoignages sur une visite de M. Sarkozy lui-même au domicile des Bettencourt pendant la campagne de 2007.

Le Monde affirme qu’un ancien chauffeur a dit au juge le 8 mars qu’une ancienne gouvernante, décédée depuis, lui avait confié qu’à cette époque «M. Sarkozy était venu pour un rendez-vous voir Monsieur et Madame très rapidement, que c’était pour demander des sous».

Après ces révélations sur les enquêtes menées au tribunal de Bordeaux (sud-ouest), les camps des rivaux de Nicolas Sarkozy ont réclamé des explications.

«Il y a une suspicion de versement d’argent sur le compte de campagne de Nicolas Sarkozy en 2007 pour des montants considérables, on parle de 800 000 euros (plus d’un million de dollars). Il serait souhaitable que l’on sache très vite ce qu’il en est», a estimé Yann Werhling, proche du candidat centriste François Bayrou. De même, pour le porte-parole du Parti socialiste Benoît Hamon, Nicolas Sarkozy doit «s’expliquer».

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