Nicolas Sarkozy «prend acte» de la relaxe de Villepin

Nicolas Sarkozy et Dominique de Villepin, lors d’une cérémonie de remise de médailles à l’Hôtel Beauvau, en décembre 2005.

Nicolas Sarkozy «prend acte» de la relaxe de Villepin

À peine sorti de la conférence des déficits qui se tenait en fin de matinée à l’Élysée, Nicolas Sarkozy a été interrogé par la presse sur la décision du tribunal de relaxer Dominique de Villepin. Il a éludé la question par un trait d’humour : «Je pensais que vous preniez la parole pour me souhaiter un bon anniversaire, a-t-il ironisé, le jour de ses 55 ans. Pour le reste, attendons de connaître les éléments avant de les commenter.»

Le chef de l’État s’est aussitôt esquivé, rejoint quelques minutes plus tard par son ancien conseiller justice à la présidence de la République, Patrick Ouart. Dans son bureau, il a également réuni ses plus proches conseillers, Claude Guéant, Raymond Soubie et Henri Guaino pour tirer les leçons de ce jugement très en deçà des attentes initiales des sarkozystes. À 14 heures, le texte présidentiel est envoyé à la presse : «Le Tribunal a considéré que le rôle de M. Dominique de Villepin dans la manipulation ne pouvait être prouvé. J’en prends acte tout en notant la sévérité de certains attendus le concernant.» Pendant la rédaction du communiqué, le dernier membre de phrase a fait l’objet d’un débat. Il a finalement été décidé de le maintenir, pour ne pas apparaître faussement magnanime. Pourtant, le président envoie un signe clair d’apaisement dès la phrase suivante : «Dans ces conditions, j’annonce que je ne ferai pas appel de la décision du Tribunal correctionnel.» Cette affirmation a surpris les connaisseurs du droit, qui savent bien qu’une partie civile ne peut pas faire appel, sauf pour contester d’éventuels dommages et intérêts – or Nicolas Sarkozy n’avait réclamé qu’un euro de dommages et intérêts, qu’il a obtenu. Il faut donc décrypter autrement cette décision de ne pas poursuivre.

Sarkozy est aujourd’hui en phase de reconstruction de son image. Il ne gâchera pas l’effet rassurant de sa prestation télévisée par une nouvelle passe d’arme avec son ancien rival. Sa «clémence» en tant que partie civile devrait donc se traduire du côté du parquet. La ligne de l’Élysée est de tourner la page, et le procureur ne devrait pas être incité à faire appel de la décision du tribunal.

«Villepin a très bien joué le coup. Il a su mentir avec brio pendant le procès. Et le président a trop personnalisé son combat», admet un sarkozyste du premier cercle, qui cite, entre autres, l’emploi du mot «coupable» pour désigner le prévenu Villepin. «Maintenant, il faut arrêter les frais», conclut cet intime. Un appel renverrait en effet un éventuel deuxième procès à la fin 2011, à la veille de l’élection présidentielle. À coup sûr, un spectacle désastreux pour la majorité. «Le jugement me donne satisfaction», écrit le chef de l’État. Il relève que le tribunal a établi une «manipulation grave ». Et il espère que désormais nul n’aura «la tentation de se livrer à l’avenir à de telles pratiques qui déshonorent la démocratie».

En contradiction avec la ligne d’apaisement, l’avocat du président, Me Thierry Herzog, a dit sa «certitude» que «deux lampistes ont été condamnés a des peines de prison lourdes». Dominique de Villepin est relaxé alors qu’il «ment», dit-il. Le porte-parole de l’UMP Frédéric Lefebvre n’hésite pas à parler d’un second procès qui «permettra de montrer qui a commandité cette manipulation et pourquoi». Ce grognard de la Sarkozie exprime-t-il le désir profond du président ? Quoi qu’il en soit, le chef de l’État a décidé de ne plus se livrer au combat judiciaire avec son rival. Désormais, ce combat sera politique.

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