Nicolas Sarkozy lobbyiste du Maroc ? Pourquoi ce métier lui irait bien

Les médias marocains affirment que l’ancien président aurait été approché par le roi Mohammed VI pour devenir lobbyiste du Maroc. Une information qui ne pourrait être qu’une rumeur.

Nicolas Sarkozy lobbyiste du Maroc ? Pourquoi ce métier lui irait bien
Nicolas Sarkozy a-t-il enfin trouvé la voie de sa reconversion ? A-t-il été approché par le roi Mohmamed VI pour devenir le conseiller spécial et le lobbyiste du Maroc auprès des autorités internationales et des grandes capitales du monde ?
Si l’information, reprise par le site emarrakechinfo vendredi 3 août, était avérée, si notre ex-président acceptait de devenir, moyennant sans doute une rémunération mirobolante, le "commis voyageur" des intérêts marocains, cela apporterait un démenti formel à ceux qui rêvent de le voir revenir sur la scène politique française.
D’autant qu’à mon avis, Nicolas Sarkozy pourrait parfaitement réussir dans cette activité pour laquelle il semble avoir à la fois les qualités et les défauts nécessaires.

Une visite du Premier ministre marocain

Il faut bien entendu prendre avec des pincettes cette "information" spectaculaire qui n’est peut-être qu’une rumeur. Pourtant, plusieurs éléments laissent penser qu’il y a, sinon du vrai, du moins de la logique dans ce qui pourrait se révéler comme une reconversion réussie et lucrative pour l’ancien président français.

Fin juillet, Nicolas Sarkozy et son épouse Carla étaient bien en visite privée au Maroc après avoir passé quelques jours au Canada chez leur ami, l’homme d’affaires Paul Desmarais.
Or, juste avant de rentrer en France pour regagner la villa du Cap Nègre, l’ancien président aurait reçu la visite d’Abdelilah Benkirane, le Premier ministre marocain au palais Jnan El Kebir dans lequel il résidait. Rien n’a filtré sur le contenu de ces discussions qui auraient eu cependant un caractère à la fois secret et officiel, selon la presse marocaine.
Pour autant, les médias marocains nous ont habitués à diffuser des informations non confirmées comme par exemple, ce cadeau fastueux (et faux) qu’aurait fait le roi du Maroc au couple Sarkozy : un palais de rêve dans la Palmeraie de Marrakech. Une rumeur qui aujourd’hui renaît sous une autre forme, alimentée par le site arabophone Hespress ainsi que la presse people française: l’achat, cette fois, toujours aussi hypothétique, d’une autre résidence de luxe, le palais d’Antares, pour quelque 5 millions d’euros.

Les lobbyistes sont partout

N’empêche. Voir Nicolas Sarkozy devenir le lobbyiste du roi du Maroc n’apparaît pas complètement absurde. L’intéressé lui-même a dit à de nombreuses reprises qu’il pourrait abandonner la politique s’il n’était pas réélu président pour aller "gagner de l’argent", par exemple, en tant qu’avocat d’affaires. Alors pourquoi pas comme lobbyiste ?
Le travail des lobbyistes consiste à influencer ceux qui font passer les lois. Ils représentent par exemple les lobbys des marchands d’armes, les groupes pharmaceutiques, les fabricants de tabac, les chasseurs, les producteurs de vins ou du champagne. Ils peuvent aussi défendre les intérêts de groupes de pression plus vastes tels que des pays, comme ceux du Maghreb ou du Proche Orient.
Comme le montre ce reportage "les lobbyistes au cœur de la république", ces derniers influencent nos élus jusque dans l’enceinte de l’assemblée nationale ou du parlement européen, en leur donnant carrément des textes de lois rédigés par eux.
Ainsi, à Bruxelles, on compte pas moins de sept lobbyistes en moyenne pour un parlementaire. C’est par ailleurs bien payé : un lobbyiste gagne entre 50.000 et 100.000 euros et les meilleurs, ceux qui représentent des intérêts exceptionnels peuvent être payés à la commission et empocher chaque année des millions d’euros.

Nicolas Sarkozy a les défauts du lobbyiste…

L’ancien président n’a jamais caché qu’il n’avait aucun tabou avec l’argent. Non seulement il aime la réussite matérielle, mais il prend aussi plaisir à jouer les personnalités "bling bling" et à fréquenter ses amis milliardaires. Inutile d’insister sur l’affaire du Fouquet’s, sur ses vacances à bord du yacht de Bolloré qui lui ont sans doute en partie coûté sa réélection.
Mais Nicolas Sarkozy a d’autres qualités pour faire un bon lobbyiste. Il faut, dit-on, du volontarisme et une force de conviction peu commune, ce dont il ne manque pas. On l’a vu quand il s’agissait d’entraîner derrière lui l’Europe, pendant la première crise de 2008, ou l’Onu dans la guerre contre le colonel Kadhafi.
L’ex chef de l’État a aussi un sens de la communication exceptionnel, une aisance pour parler à la télévision, bref, le bagout d’un représentant de commerce, sans compter le culot qui consiste à sortir par la porte puis rentrer par la fenêtre.
Il a aussi montré son étonnante capacité à changer d’avis et de conviction en fonction du vent (par exemple, sa position sur le mariage homosexuel ou sur le vote des étrangers). Nul doute qu’il saurait le faire en fonction de sa clientèle…

… mais il en a aussi les qualités

En cinq ans de mandat comme président français (il a été président du Conseil européen, du G8 et du G20), Nicolas Sarkozy s’est fait un carnet d’adresse qui vaut de l’or pour le roi du Maroc. Il tutoie Barack Obama, David Cameron et Angela Merkel.
Il possède encore en France une influence considérable. Nombreux sont les hommes politiques (du simple militant UMP aux plus hauts gradés du parti), mais aussi les hauts fonctionnaires dans les grandes administrations et les ministères, sans oublier les grands patrons du Cac 40 qui sont prêts à lui rendre service et à lui renvoyer l’ascenseur.
Si la proposition de Mohamed VI n’est pas une simple rumeur, j’imagine que Nicolas Sarkozy doit sérieusement y réfléchir, alors qu’il poursuit ses vacances dans la propriété de ses beaux-parents.
Le hasard fait qu’il n’est qu’à 18 kilomètres du Fort de Brégançon et du président François Hollande qui lui a chipé la place à l’Élysée. Or, il est suffisamment lucide pour comprendre que, pour l’instant, les Français ne veulent plus entendre parler de lui.
Alors, devenir lobbyiste du Maroc pourrait s’avérer un job qui paie bien en attendant un éventuel retour.
Il reste cependant une question d’importance : sur les plans déontologique et juridique, cette activité est-elle compatible avec celle de membre à vie du Conseil constitutionnel ? En un mot, Nicolas Sarkozy peut-il cumuler le lobbying avec la retraite dorée d’ancien président de la République ?

Thierry de Cabarrus, chroniqueur

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