Moqtada Sadr appelle Bagdad à récupérer les arsenaux des groupes armés

L’influent chef chiite irakien Moqtada Sadr a appelé vendredi Bagdad à saisir les armes circulant dans le pays, notamment celles des groupes paramilitaires, devant des milliers de partisans dans le centre de la capitale irakienne, a constaté un journaliste de l’AFP.

Moqtada Sadr, rentré d’une très rare visite en Arabie saoudite où il s’est rendu la semaine dernière à l’invitation de responsables du royaume, poids lourd régional sunnite, s’est adressé à ses partisans dans un message retransmis sur des écrans géants.

Il y a exhorté le Premier ministre Haider al-Abadi à démanteler les unités du Hachd al-Chaabi, ces groupes paramilitaires composés de milices chiites –dont celles dépendant de Moqtada Sadr–, et à "intégrer aux forces armées régulières les éléments disciplinés du Hachd". Il a également appelé à "saisir les arsenaux de tous, dont ceux des groupes armés".

Le Hachd a notamment participé à l’offensive lancée par Bagdad en octobre dernier à l’issue de laquelle les forces irakiennes ont repris Mossoul aux jihadistes du groupe Etat islamique (EI). Il pourrait également se lancer dans les prochaines batailles pour la reprise des dernières villes aux mains de l’EI dans le nord et l’ouest du pays.

Téhéran, grand rival régional chiite de l’Arabie saoudite, soutient certains de ces groupes et des responsables iraniens ont à plusieurs reprises fermement refusé tout démantèlement du Hachd.

Bien plus nombreux ce vendredi que lors des rassemblements récemment organisés par leur mouvement, sur la place Tahrir de Bagdad, les partisans de Moqtada Sadr brandissaient des drapeaux irakiens, encadrés par un important déploiement policier, a constaté le journaliste de l’AFP.

Des routes avaient été bloquées, notamment le pont qui mène à la zone Verte de Bagdad, où siègent les principales institutions de l’Etat et où des heurts parfois meurtriers ont déjà opposé les sadristes aux forces de sécurité.

Moqtada Sadr, chef de milices ayant combattu la présence américaine en Irak, est revenu au devant de la scène politique en impliquant ses partisans dans le mouvement de contestation contre la corruption au sein de l’Etat et pour la réforme des services publics.

Jeudi, il avait de nouveau appelé à des manifestations à Bagdad et dans les provinces d’Irak pour dénoncer les "politiciens corrompus" et réclamer une réforme de la loi électorale et une reprise en main du gouvernement par des technocrates.

Il y a plusieurs mois, Moqtada Sadr avait menacé de boycotter les législatives prévues en 2018 si la loi électorale n’était pas modifiée. En début d’année, les Nations unies avaient appelé le Parlement irakien à "finaliser l’examen en cours" de la loi et de la commission électorales.

"Le peuple irakien restera sur la place Tahrir jusqu’à ce qu’il obtienne satisfaction de ses demandes, notamment un véritable comité électoral démocratique", a affirmé à l’AFP Ibrahim al-Jabri, haut responsable du mouvement sadriste.

Parmi la foule de manifestants, Abou Zouheir, militaire à la retraite de 64 ans, vêtu d’une dichdacha, la longue robe blanche traditionnelle des Irakiens, a dit à l’AFP être prêt à "suivre tous les ordres de notre commandant (Moqtada Sadr) car personne ne défend l’Irak à part lui".

afp

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