Mohammed VI se veut un bouclier contre l’islam radical

Le président Hollande n’a pas seulement reçu le roi du Maroc vendredi à l’Elysée pour le remercier de l’aide apportée par ses services de renseignement dans la traque aux terroristes des attentats de Paris. Mais aussi pour évoquer la coopération entre la France et le Maroc dans la promotion d’un islam modéré.

La France et le Maroc ont signé en septembre dernier un accord pour permettre à des dizaines d’imams français de venir bénéficier à Rabat d’une formation théologique destinée à combattre le radicalisme religieux dans les mosquées françaises. Vu de Paris, il existe un modèle marocain. Outre la formation des imams, le royaume a déployé tout une panoplie "made in Maroc" pour lutter contre la radicalisation, alors que 1.500 Marocains combattent actuellement en Irak et en Syrie.

Une plateforme scientifique a été lancée cette semaine en arabe pour "déconstruire le discours extrémiste" et diffuser un "islam modéré". "Nous travaillons également avec plus de mille oulémas (théologien de l’islam, Ndlr)-relais sur le terrain, qui échangent avec les franges les plus fragiles de notre société, susceptibles d’être recrutées, rapporte le théologien Ahmad Abbadi, secrétaire général de la Rabita Mohammadia des Oulémas, en charge du dossier. Plusieurs pays sont intéressés pour collaborer sur ce sujet, dont la France avec qui nous sommes en contact."

Alphabétiser les femmes

Des programmes religieux "maison" sont également diffusés sur la radio Mohammed VI et sur la chaîne télévision La Sixième afin de contrer les télévisions wahabbites du Golfe. Le royaume s’est en parallèle attelé au volet social, en alphabétisant 200.000 femmes par an au sein des 50.000 mosquées du pays. "Cela leur donne un bagage pour prévenir la radicalisation au sein de leur famille et suivre les enfants, assure un conseiller du ministre des Affaires islamiques. De même, quand un imam commence à changer de discours dans un lieu de culte, il est rejeté par la communauté elle-même."

Islamisme sous contrôle

Les informations circulent grâce aux djihadistes libérés de prison à la faveur d’une grâce royale, comme Hassan El Khattab et trente-six autres salafistes "repentis" le 6 novembre dernier. "Cela permet d’étendre au maximum d’acteurs du champ islamiste l’autorité du roi du Maroc, bouclier contre la radicalisation, rapporte un connaisseur du dossier. Ils restent sous contrôle et l’on s’en sert après, notamment pour contrer la contestation dans ces milieux et savoir ce qui se passe dans les mosquées… C’est un islamisme sous contrôle, avec filet. Le Maroc est dirigé par les islamistes du Parti de la justice et du développement (PJD), mais seul le roi a une prise sur le religieux."

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