Mauritanie: peine de mort requise contre un jeune musulman jugé pour apostasie

Le parquet de Nouadhibou (nord-ouest de la Mauritanie) a requis la peine de mort contre un jeune Mauritanien jugé pour apostasie après un écrit considéré comme blasphématoire, a appris l’AFP de source judiciaire mercredi, au deuxième jour de son procès.

Le procureur de la République de la Cour criminelle de Nouadhibou" a demandé la peine de mort (…) contre le jeune Mohamed Cheikh Ould Mohamed", proche de la trentaine, qui a plaidé non coupable mardi à l’ouverture de son procès, a affirmé sous couvert d’anonymat cette source jointe par téléphone depuis Nouakchott.

Durant son réquisitoire, qui a "duré plus d’une heure", le procureur a relaté "tous les textes écrits, non seulement l’article incriminé du jeune homme, mais également des textes postés par lui sur son compte sur Facebook", a-t-elle indiqué.

"Les mêmes faits avaient été soulevés mardi par le juge mais le jeune Ould Mohamed a affirmé soit qu’il en ignorait le sens, soit que son intention n’était pas celle qu’on lui prêtait", a-t-elle précisé.

De même source, le procès a été suspendu après le réquisitoire du procureur et devait reprendre dans la soirée avec les plaidoiries de la défense. Deux avocats ont été commis d’office pour le prévenu, qui n’avait pas de défenseur.

En février, un célèbre avocat mauritanien, Me Mohameden Ould Icheddou, qui avait été sollicité par la famille du prévenu, avait annoncé qu’il renonçait à le défendre après des manifestations hostiles contre le jeune homme ainsi que lui-même et ses proches.

Mohamed Cheikh Ould Mohamed a été arrêté le 2 janvier et est détenu depuis lors.

Il a été inculpé d’apostasie, selon une source judiciaire, "pour avoir parlé avec légèreté du prophète Mahomet" dans un article publié brièvement sur des sites Internet mauritaniens, dans lequel il contestait des décisions prises par le prophète Mahomet et ses compagnons durant les guerres saintes.

Dans son texte controversé, Mohamed Cheikh Ould Mohamed accusait la société mauritanienne de perpétuer un "ordre social inique hérité" de cette époque.

Plusieurs manifestations de colère avaient eu lieu à Nouadhibou et à Nouakchott, certains protestataires allant jusqu’à réclamer sa mise à mort, le qualifiant de "blasphémateur".

Selon des organisations islamiques locales, c’est la première fois qu’un texte critique de l’islam et du prophète est publié en Mauritanie, République islamique où la charia (loi islamique) est en vigueur mais dont les sentences extrêmes comme les peines de mort et de flagellations ne sont plus appliquées depuis les années 1980.

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. J'accepte Lire la suite