Mauritanie: ouverture du procès d’un jeune accusé d’apostasie

Le procès d’un jeune mauritanien, accusé d’apostasie pour un écrit considéré comme blasphématoire, s’est ouvert mardi à Nouadhibou, ville du nord-ouest de la Mauritanie, a appris l’AFP de source judiciaire.

Le prévenu, Mohamed Cheikh Ould Mohamed, proche de la trentaine, a été arrêté le 2 janvier et est détenu depuis lors. Il risque d’être condamané à la peine de mort au cours de ce procès, le premier du genre en Mauritanie.

L’audience inaugurale s’est ouverte mardi en début d’après-midi devant la Cour criminelle de Nouadhibou, où un juge a notifié à l’accusé les charges retenues contre lui, a affirmé sous couvert d’anonymat la source judiciaire jointe depuis Nouakchott.

M. Ould Mohamed, selon cette source, est inculpé d’apostasie "pour avoir parlé avec légèreté du prophète Mahomet et enfreint aux ordres divins" dans un article publié brièvement sur des sites Internet mauritaniens, dans lequel il contestait des décisions prises par le prophète Mahomet et ses compagnons durant les guerres saintes.

Le prévenu, selon la même source, "a plaidé non coupable", indiquant que "son intention n’était pas de porter atteinte au prophète, loin s’en faut, mais de défendre une couche de la population mal considérée et maltraitée, les forgerons", dont il est issu.

D’après ses propos rapportés par la même source, l’accusé a affirmé devant la cour: "Si on peut comprendre (à travers mon texte) ce pour quoi je suis inculpé, je le nie complètement et m’en repens ouvertement".

Selon diverses sources judiciaires, deux avocats ont été commis par la Cour criminelle pour la défense de l’accusé.

En février, un célèbre avocat mauritanien, Me Mohameden Ould Icheddou, qui avait été sollicité par la famille du prévenu, avait annoncé qu’il renonçait à le défendre après des manifestations hostiles visant le jeune homme ainsi que lui-même et ses proches.

Dans son texte controversé, Mohamed Cheikh Ould Mohamed, qui a été arrêté le 2 janvier, accusait la société mauritanienne de perpétuer un "ordre social inique hérité" de l’époque des guerres saintes.

Plusieurs manifestations de colère avaient eu lieu à Nouadhibou et à Nouakchott, certains protestataires allant jusqu’à réclamer la mise à mort du jeune Mauritanien, le qualifiant de "blasphémateur".

Selon des organisations islamiques locales, c’est la première fois qu’un texte critique de l’islam et du prophète est publié en Mauritanie, République islamique où la charia (loi islamique) est en vigueur mais dont les sentences extrêmes comme les peines de mort et de flagellations ne sont plus appliquées depuis les années 1980.

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