Maroc : quand un Premier ministre recadre publiquement son ministre !

Peut-on imaginer une seconde le Premier ministre français Manuel Valls recadrer sa ministre de l’Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem, en pleine séance des questions à l’Assemblée nationale ? Non, ça ferait scandale ! Et pour cause, un chef du gouvernement recadre ses ministres entre quatre murs. C’est la règle. Pourtant le chef du gouvernement marocain, Abdelillah Benkirane, n’a pas hésité à passer un sacré savon à son ministre de l’Education nationale, Rachid Belmokhtar, en pleine séance des questions à la Chambre des conseillers.

M. Benkirane a tancé son ministre en le priant vivement de se mêler de ses affaires, étalant au grand jour ses désaccords avec Rachid Belmokhtar, qui a adressé une circulaire aux recteurs d’académies régionales pour leur demander d’introduire dès la rentrée prochaine l’enseignement des mathématiques et des sciences physiques en français pour les deux dernières années du lycée.

« Tu veux l’introduction du français mais alors tu veux mettre le feu ! Ça, c’est le chef du gouvernement qui le décide et l’évalue… C’est pour cela que quand Sa Majesté le Roi a décidé de choisir un chef du gouvernement, il n’a pas désigné Belmokhtar, il a choisi Benkirane (rires dans la salle)… S’il voulait Belmokhtar, il l l’aurait pris. Il te connaît avant moi. Il m’a désigné moi pas toi. C’est moi qui décide… », s’emporte le Premier ministre.

Pointant du doigt son ministre Belmokhtar, M. Benkirane continue sur sa lancée à l’adresse des députés: « Je lui ai adressé un courrier pour lui signifier que cette décision de franciser ces matières, il faut qu’il l’ajourne afin que nous y réfléchissions parce que, moi, je n’étais pas au courant et que lui n’y a pas accordé d’importance (…) Et c’est pour cela que je dis à M. le ministre, éloigne-toi des choses difficiles et dangereuses… Occupe-toi de la discipline et de l’ordre, comme le réclament les enseignants et les parents d’élèves (…)».

Cet échange vif n’a pas échappé à grand monde. La séance étant transmise en direct. Deux questions s’imposent: que va faire un ministre publiquement humilié ? et quels sont les calculs politiques qui ont dicté la sortie de M. Benkirane ?

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