Maroc : passe d’armes entre le RNI et le PJD sur la formation du gouvernement

Après trois mois d’interminables négociations et l’annonce du Premier ministre Abdelilah Benkirane le weekend de mettre fin aux négociations pour la formation d’un futur gouvernement de coalition, le RNI n’a pas tardé à lui répondre.

Après le « carton rouge » décrété par le Premier ministre et secrétaire général du PJD, « on ne joue plus », a répondu mardi Aziz Akhannouch, président du Rassemblement des Indépendants (RNI).

Dimanche soir, le chef du gouvernement désigné a décidé d’arrêter toute forme de négociation avec le président du RNI et avec le Mouvement populaire de Mohand Laenser.

"Étant donné que toute question attend une réponse, qu’Aziz Akhannouch (président du RNI) devait me donner une réponse sous 48 heures (…), et que celui-ci a préféré le faire via un plan de communication établi avec d’autres partis auxquels je n’ai posé aucune question, j’en conclus qu’il n’est pas en mesure de me répondre et qu’il n’y a pas lieu de poursuivre les négociations avec lui", a fait savoir M. Benkirane dans un communiqué.

"Il en est de même avec Mohand Laenser du Mouvement populaire", a-t-il ajouté dans son bref communiqué.

Après la victoire de son parti islamiste, le Parti justice et développement (PJD), aux législatives d’octobre, M. Benkirane avait été reconduit par le roi Mohammed VI à la tête du gouvernement de coalition qu’il dirige depuis cinq ans, une alliance hétéroclite de quatre formations rassemblant islamistes, libéraux et ex-communistes.

Sitôt de retour à son poste, Abdelilah Benkirane avait alors multiplié les rencontres avec les autres chefs de partis pour former une coalition, sans pour autant parvenir à atteindre les 198 sièges minimum à même de lui assurer un vote de confiance au Parlement.

Les discussions ont rapidement tourné au face-à-face avec un personnage inattendu, le ministre sortant de l’Agriculture, Aziz Akhannouch, a exigé la mise à l’écart d’emblée du parti de l’Istiqlal, allié de Benkirane, de la future coalition.

Inacceptable pour le Premier ministre, qui a multiplié les discussions avec les autres partis pour contourner l’obstacle. Mais a finalement dû céder aux exigences d’Akhannouch, aidé en cela par une bourde diplomatique du patron de l’Istiqlal, unanimement condamné par toute la scène politique marocaine et qui s’est retrouvé de facto écarté des négociations.

On en était là début janvier, avec la perspective de voir le bout du tunnel, et des propositions de Benkirane à ses quatre partenaires de l’ex-majorité -dont le RNI d’Akannouch- pour reformer une coalition à l’identique. "Enfin le déblocage!", "la majorité sortante sera reconduite", écrivait alors la presse marocaine, s’accordant à dire que l’annonce du nouveau gouvernement était imminente.

Tout ce bel édifice s’est écroulé en moins de 24 heures ce weekend, par communiqués interposés: le RNI a exigé d’associer aux négociations deux formations, l’Union constitutionnelle (UC) et l’Union socialiste des forces populaires (USFP). Fin de non-recevoir pour Benkirane, qui a donc annoncé mettre fin à ses négociations avec Akhannouch.

La première éventualité -peu probable- serait le recours à de nouvelles élections. La nomination d’un nouveau Premier ministre est possible, "mais serait source de tensions politiques" avec le PJD, fort de son succès aux législatives. "Une autre éventualité est une nouvelle intervention du roi pour demander la reprise des négociations, toujours sous la direction de Benkirane".

H.D (avec AFP)

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