Cet ensemble high-tech va être érigé par le consortium Desertec, composé d’entreprises privées, dont la multinationale suisse ABB. Le transport de l’électricité vers l’Europe sera réalisé à l’aide de câbles à haute tension que des firmes françaises vont poser sous la mer dans le détroit de Gibraltar.
«Entreprise néocolonialiste»
La centrale marocaine, qui devrait être opérationnelle dans deux?ans et coûtera au total 2,3 milliards de francs, est un des projets phares de l’Union pour la Méditerranée. Le projet repose sur le principe que chaque kilomètre carré de désert reçoit annuellement une énergie solaire équivalente à 1,5 million de barils de pétrole.
Pour mieux imaginer ce que ce chiffre représente, Desertec indique que la consommation annuelle énergétique de l’humanité, toutes sources confondues, représente ce que le soleil fournit en 6 heures aux étendues désertiques. Il serait donc possible d’alimenter à partir de centrales solaires thermiques tous les pays du monde en énergie propre et inépuisable en couvrant moins de 0,3% de la surface des déserts de sable de la planète.
Le lancement de ce projet, principalement soutenu par l’Allemagne qui a renoncé après la catastrophe de Fukushima à l’énergie nucléaire, a toutefois été difficile. «Certains pays arabes ont été rebutés, car ils avaient le sentiment que l’Europe s’engageait dans une entreprise néocolonialiste de pillage de leurs ressources», confie une source proche des négociations.
Mais finalement ces nations ont été convaincues car la vingtaine de centrales solaires de 500 MW chacune qui seront construites à terme dans les différents déserts d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient couvriront également leurs besoins en énergie.
Au total le réseau de centrales devrait atteindre une capacité de production d’énergie solaire de 2000 MW d’ici à 2020. Et d’environ 100 000 MW – correspondant à la production de 100 réacteurs nucléaires de la dernière génération – à l’horizon 2050. Cette quantité devrait suffire pour alimenter 15% de la consommation de l’Europe. Le coût du programme est estimé à 500 milliards de francs, soit 80 milliards pour les lignes de transmission électriques sous-marines et 420 milliards pour les centrales.