Maroc: le PI décide de se retirer du gouvernement

Le conseil national de l’Istiqlal, parti conservateur et principal allié des islamistes au pouvoir au Maroc, a annoncé samedi son retrait du gouvernement, une décision qui ouvre la voie à un remaniement, voire à des élections anticipées. L’Istiqlal, qui détient cinq portefeuilles dont ceux de l’Education et de l’Economie, a pris cette décision en raison de l’incapacité du chef du gouvernement, l’islamiste Abdelilah Benkirane, à prendre « en considération la gravité de la situation économique et sociale », selon un communiqué du conseil national du parti. M. Benkirane, chef du Parti justice et développement (PJD), est également accusé de « monopoliser les décisions au sein du gouvernement ».

Maroc: le PI décide de se retirer du gouvernement
Dans son communiqué final publié à l’issue d’une longue journée de "concertation et de dialogue libre et responsable", le Conseil national du parti a décidé de se retirer du gouvernement actuel", ajoutant que le parti, convaincu que le recours aux dispositions de la Constitution en tant que document contractuel solide, se réfère l’Article 42 de la loi fondamentale qui stipule que "le Roi, Chef de l’Etat, Son Représentant Suprême, Symbole de l’unité de la Nation" est le "Garant de la pérennité et de la continuité de l’Etat et Arbitre Suprême entre ses institutions".

Le Conseil national du PI "délègue à la direction du parti la prise des mesures nécessaires à cet égard"..

Le parti indique en outre qu’avant de prendre cette décision, il a "épuisé toutes les possibilités de mise en garde et de conseil et s’est acquitté de tous ses engagements envers ses alliés et envers la conjoncture délicate que traverse le pays (…) de ses engagements envers les instances législatives et au sein du gouvernement".

Le chef de ce parti historique de l’indépendance est le maire de Fès (centre), Hamid Chabat, un trublion de la vie politique marocaine qui a multiplié les sorties médiatiques contre le gouvernement Benkirane depuis son élection à la tête de l’Istiqlal en septembre.

Interrogé au cours de la semaine écoulée sur l’attitude de ce turbulent allié, M. Benkirane avait assuré qu’il ne se souciait "guère" des rumeurs de remaniement, selon le quotidien arabophone Al-Ahdath Al-Maghribia, ajoutant que le PJD ne craignait pas la perspective d’un départ de l’Istiqlal.

Cantonné dans l’opposition pendant des décennies, les islamistes du PJD ont remporté un succès historique aux législatives de fin 2011. Ne disposant toutefois pas de la majorité, ils ont dû composer une coalition hétéroclite au sein de laquelle figure l’Istiqlal mais aussi le Mouvement populaire (MP) et le Parti du Progrès et du Socialisme (PPS).

S’ils veulent éviter de nouvelles élections, les islamistes vont donc devoir trouver de nouveaux alliés pour combler le départ de l’Istiqlal.

Le succès électoral du PJD il y a un an et demi, peu après l’adoption d’une nouvelle Constitution censée renforcer les pouvoirs du gouvernement, avait soulevé un vent d’espoir au sein de la population, dans le contexte du Printemps arabe.

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