Maroc : Les Pamistes vont en conseil national comme en thérapie

Narjis Rerhaye (A Rabat)

Les rumeurs vont bon train. Les intox aussi. Jamais une réunion d’un conseil national de parti n’a suscité un tel flot d’attaques, de contre-attaques, de mises en garde et de menaces. Ce dimanche 22 octobre, le Parti Authenticité et Modernité réunit (enfin) son conseil national, à Skhirat pour acter la surprenante démission de son secrétaire général, Ilyass El Omari.

On s’en souvient, le leader de la principale force de l’opposition avait démissionné le 7 août dernier. La démission est tombée dans la torpeur de l’été. Le parti a pris tout son temps : il a fallu plus de deux mois pour donner l’occasion aux 1000 membres du conseil national de se prononcer sur le départ du secrétaire général.« La démission doit être actée par le conseil national qui est le parlement du parti. Les militants devront en débattre pour au final l’accepter ou la refuser », soupire une figure du parti du tracteur.

Dans les coulisses, on parle d’une réunion de conseil national aux allures de catharsis. Ces dernières semaines, ceux et celles du PAM ont lavé leur linge sale en public à coup d’interviews et autres fuites distillées dans la presse spécialisée dans le sensationnel. « On invite les gens à parler, à s’exprimer, à dire ce qu’ils ont sur le cœur dans le cadre de cette instance. En fait, nous allons à ce conseil comme en thérapie », poursuit notre interlocuteur.

Dimanche, le conseil national réuni en session très ordinaire vivra un moment loin de l’être. Démissionnaire, l’ombre d’Ilyass El Omari n’a jamais autant plané. Tire-t-il les ficelles derrière le rideau comme l’avancent des militants très remontés ? La question se pose avec force. En l’absence de réponse claire, nette et tranchée de la part du principal intéressé, les signes à décrypter se multiplient dans un champ où la symbolique a remplacé la prise de décision. Dernier « signe » et récupération en date, l’inauguration par le prince héritier du salon du cheval qui se tient à El Jadida. Une photo de Moulay El Hassan où l’on peut voir également Ilyas El Omari a fait le tour des comptes Facebook des amis de l’ex-secrétaire général. Une manière de signifier son retour en cour à quelques jours de la tenue d’un conseil où n’importe quel coup de théâtre n’est pas à exclure?

En attendant, tous les coups sont permis. Les « anti », opposés au retour du président de la région Tanger-Al Hoceima, multiplient les sorties. Les aficionados d’El Omari en font autant. « Les vrais débats sur les problématiques qui traversent le pays sont complètement ignorés et passés sous silence. Nous en sommes absents. Comme nous sommes en train de rater le rendez-vous du nouveau projet de développement annoncé par le roi », regrette un membre fondateur du PAM.

Les tractations, les pourparlers et les négociations vont durer jusqu’à la toute dernière minute. Le retour d’Ilyas El Omari est une option envisageable. L’homme, champion du buzz et des effets d’annonce, n’est jamais vraiment parti tant il se nourrit d’un pouvoir qui l’a fait.

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