Face aux partis politiques, les 13 millions de votants peuvent être classés en deux catégories. La première, éduquée, sensible à l’analyse des programmes politiques et économiques, ne doit pas dépasser les 15 à 20%. La deuxième catégorie représentant au moins 80% des votants, est moins sensible aux discours économiques et intellectuels. Tous les partis sont donc tenus de s’adresser à ces deux groupes dans le langage qui leur correspond. Le second groupe, le plus important, est plus sensible à la mise en avant des valeurs islamiques, aux actions de proximité dans les quartiers, au langage cru qui traite les riches et les fonctionnaires de corrompus, ainsi qu’à tous les concepts populistes sur la dégradation des mœurs.
Nos politiques sont donc soumis à rude épreuve, acculés qu’ils sont à développer un double langage jusqu’au 25 novembre 2011. La tâche pour les partis sortants du gouvernement est encore plus difficile: la tentation est grande d’utiliser la vague démographique naturelle et de prétendre avoir créé énormément d’emplois ou bien de s’attribuer la politique des grands travaux menée par le Roi. Sans remettre en cause la qualité de nos hauts fonctionnaires, il faut quand même dire à ces partis que ces arguments sont à double tranchant.
Par exemple, malgré le taux d’abandon, environ 100.000 étudiants s’ajoutent chaque année dans l’enseignement supérieur. Annoncer ce chiffre triomphalement et se l’attribuer comme une prouesse extraordinaire est exagéré, car il n’est que la conséquence logique des moyens mis en place qui représentent 25% du budget de l’État. Mais le vrai problème de notre enseignement réside dans la qualité de la formation et la gouvernance du système. C’est à ce niveau que l’action du gouvernement peut être jugée.