Marine, Najat, Valerie, François et les autres

Si au début de l’été, un conseiller audacieux avait osé dire à François Hollande qu’il allait vivre une rentrée politique aussi catastrophique, l’impertinent aurait été renvoyé à ses chères études, avec le label d’oiseau de mauvais augure première catégorie. C’est que le président de la république, malgré la persistance d’une fournée de mauvais sondages qui confortent le désamour des Français à son égard, croyait tenir dans sa main la recette magique pour se relancer dans l’opinion et préparer tranquillement les prochaines échéances électorales. Cette recette était composée d’une idée, le pacte de responsabilité censée donner envie aux entreprises, devenues plus compétitives, d’embaucher, et d’un homme, Manuel Valls, régulièrement présenté comme le Sarkozy de gauche, nerveux dans sa démarche, rigide dans sa poigne. Un anti Jean Marc Ayrault qui allait tuer dans l’œuf tous les couacs et imposer à tous de la clarté et de la cohérence.

Par Mustapha Tossa

Mais voilà , la permanente grisaille d’été, auréolée de toutes ces certitudes de saison, allait céder la place à une des plus violentes bourrasques politiques jamais affrontée par François Hollande. Si violente que même Manuel Valls, droit dans ses coutumes bien coupés , avait fini par reconnaître que l’extrême droite est aux portes du pouvoir en France.

La série de la chute commença de façon impromptue, presque maladroite, par la rébellion d’un des plus emblématiques ministres de François Hollande, celui de l’économie et du redressement productif, le champion toute catégorie du "Made in France", Arnaud Montbourg. Elle entraîna une démission du gouvernement qui a vu plus de Montbourg, Benoit Hamon de l’éducation et Aurellie Felippetti tirer leur révérence pour aller grossir les rangs des frondeurs à gauche.

Cette crise gouvernementale aura une conséquence inattendue. La nomination de Najat Vallaud Belkacem au poste de ministre de l’éducation, de l’enseignement Superieur et de la recherche scientifique. Première femme à occuper ce poste dans l’histoire de la cinquième république. Immense consécration pour un talent venu de la diversité et qui a déjà eu l’occasion de montrer la variété de son savoir faire et de sa maîtrise lorsqu’elle avait occupé successivement le poste, exposé, de porte parole du gouvernement et celui ,emblématique, des droits de la femme.

Cette nomination provoqua un immense choc à droite. La droite traditionnelle lui a fait un procès en incompétence, suggérant parfois que François Hollande l’aurait choisi pour d’autres raisons. Tandis que que l’extrême droite remua avec la volubilité des affamés ses origines marocaines. Les magazines "Minute" et "Valeurs Actuelles" ont incarné par leur Une au racisme assumé. Najat Vallaud Belkacem fut l’objet d’une campagne de haine presque inédite pour un ministre issu de la diversité. Campagne si puissante qu’elle a presque fait oublier les vraies raisons qui ont provoqué la crise gouvernement, à savoir les divergences économiques au sein de la gauche gouvernante. Il est vrai que sur ce plan le discours de Manuels. Valls devant le Medef, et la posture ouvertement droitière du nouveau ministre de l’économie Emmanuel Macron, ont vidé l’agressivité de la droite sur ce terrain particuliers de toutes sa substance.

Et Tandis que François Hollande tentait de reconstruire le puzzle de sa stratégie extrêmement mise à mal par la démission surprise du gouvernement Valls I , un missile politique et médiatique d’une violence inouïe frappa sa citadelle. Il s’agit du livre de son ex campagne Valerie Trierweiler "Merci pour ce moment". Pas de révélations de secrets d’Etat ni de réels secrets d’alcôve mais la description d’un portrait intime de François Hollande qui se contredit de manière tranchante avec l’image qu’il avait servie aux Français pour avoir leur confiance présidentielle. En quelques phrases bien senties, en quelques scénettes bien troussées, François Hollande est politiquement exécuté. Valérie Trierweiler, dont on savait la rancune tenace et la jalousie morbide, s’est vengée au delà de toutes attentes. Son brûlot de femme délaissée a fini pour donner le coup de grâce au crédit d’un homme dont la popularité flirtait avec des profondeurs inédites.

Alors qu’il était seul, presque sonné, comme l’ont montré ses images au sommet de l’OTAN au pays de Galles, les résultats d’un sondage IFOP Le Figaro sont tombés comme un couperet qui sanctionne cette chute. Marine Le Pen, la charismatique icône de l’extrême, droite remporterait la présidentielle face à François Hollande si elle était organisée aujourd’hui. Ainsi à cause de ce qui commence à ressembler à une déchéance à gauche et à un chaos de leadership à droite, Marine Le Pen qui avait déjà réalisé d’excellents scores aux municipales et et aux européennes, peut se laisser aller aux rêves les plus fous, y compris celui d’accéder un jour à l ‘Elysee.

François Hollande est en train de vivre son grand cauchemar à mis mandat. La question qui taraude tous les esprits et qui jette un énorme voile de pessimisme sur sa gouvernance : comment va-t- il faire pour sortir du goulot de la bouteille? Comment va -t-il tenir jusqu’à 2017 ?

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