Manuel Valls : « On a fermé les yeux sur la progression du salafisme »

« Nous devons être capables de réagir face à l’extension de l’islamisme radical, au salafisme, qui se propage dans nos quartiers », a insisté le Premier ministre.

Interrogé sur Europe 1, Manuel Valls a rappelé que la guerre contre le terrorisme n’était pas "une guerre comme les autres, ce n’est même pas le type de terrorisme que nous avons connu dans les années 1970-1980. Ce terrorisme veut détruire ce que nous sommes, notre mode de vie… Des gens à des terrasses de café, qui prennent l’avion, le métro". Pour le Premier ministre, c’est une guerre "de longue haleine" qui s’annonce, contre un ennemi à la fois "intérieur et extérieur", a insisté le Premier ministre.

"On a fermé les yeux, mais partout en Europe et aussi en France, sur la progression des idées extrémistes du salafisme dans des quartiers qui à travers ce mélange de trafics de drogue et d’islamisme radical ont perverti (…) une partie de la jeunesse", a déploré Manuel Valls qui était interrogé sur des propos du ministre des Finances, Michel Sapin, parlant, selon plusieurs médias, de la "naïveté" des autorités belges face au phénomène de la radicalisation islamiste.

"Nous aussi avons des quartiers sous l’emprise de salafistes"

"C’est cette action que nous devons mener. Je ne suis pas là pour donner des leçons aux Belges", a fait valoir le Premier ministre, se démarquant de son ministre. "Nous aussi avons des quartiers sous l’emprise des trafics de drogue et de salafistes", a souligné Manuel Valls. "L’Europe a été attaquée, parce que c’est l’Europe. Donc, la réponse, elle doit être européenne. Et aujourd’hui, la Belgique et la France sont plus que jamais unies face au terrorisme", a-t-il assuré

"Nous devons être capables de réagir face à l’extension de l’islamisme radical, au salafisme, qui se propage dans un certain nombre de nos quartiers". "C’est même, il faut le dire à nos concitoyens, une affaire d’une génération", a poursuivi Manuel Valls. Selon lui, "quand on a des milliers d’individus qui se sont radicalisés, qui épousent les thèses salafistes, qui, au fond, refusent le modèle de société qui est le nôtre, fait de tolérance, de laïcité, d’égalité entre les femmes et les hommes, la démocratie, qui peuvent propager un moment cette idéologie de mort, c’est en effet un combat de très longue haleine avec les armes de l’état de droit".

"Plus d’une trentaine de personnes" identifiées comme liées aux attentats de Paris

"À ce jour, plus d’une trentaine de personnes ont été identifiées comme liées aux attentats de Paris. Onze sont décédées, douze sont sous les verrous, d’autres sont recherchées. Certaines figuraient-elles parmi les attentats de Bruxelles ? Nous le verrons. L’enquête en fera la démonstration", a par ailleurs déclaré Manuel Valls.

"Ces attentats sont organisés depuis la Syrie, planifiés depuis la Syrie, avec une base, c’est évident, à la fois en Belgique mais bien sûr aussi en France (…) Est-ce que ce sont les mêmes équipes ? Laissons encore une fois les services de police judiciaire et la justice faire toute la lumière sur ce qui s’est passé", a conclu le Premier ministre.

"Urgence à renforcer le contrôle des frontières"

Déjà interpellé mardi à l’Assemblée nationale par Nathalie Kosciusko-Morizet (Les Républicains) sur la question d’une peine de "perpétuité effective et irrévocable" pour les terroristes, Manuel Valls a reconnu qu’"il faut sans doute que ces condamnations soient encore plus lourdes". "Il y a urgence à adopter le PNR", le fichier des passagers aériens, a également redit le Premier ministre.

"Il y a aussi urgence à renforcer le contrôle des frontières extérieures de l’Union européenne. Ce sont les propositions françaises depuis des mois. Il y a enfin urgence à ce que plus personne ne puisse passer avec de faux papiers, parce que nous savons que Daech (l’organisation État islamique) a volé de grandes quantités de passeports en Syrie", a déclaré Manuel Valls.

Une "perpétuité dite incompressible" pour les terroristes

Le Premier ministre se rend mercredi à Bruxelles dans le cadre d’un déplacement prévu depuis plusieurs semaines et maintenu après les attentats de mardi. Il doit déjeuner avec le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, avec qui il doit ensuite tenir une conférence de presse. Manuel Valls doit ensuite rencontrer son homologue belge Charles Michel.

Début mars, l’Assemblée a par ailleurs voté dans le projet de réforme pénale, via un amendement LR sous-amendé par le gouvernement, la possibilité pour une cour d’assises de prononcer une "perpétuité dite incompressible" pour les auteurs de crimes terroristes (soit une période de sûreté jusqu’à 30 ans contre 22 actuellement, soit l’impossibilité de tout aménagement de peine).

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