Manuel Valls : “Les musulmans de France doivent s’organiser”

Convié par la grande mosquée de Lyon à rompre le jeûne, jeudi soir, Manuel Valls est revenu sur les querelles entre les deux organisations musulmanes, le Conseil français du culte musulman (CFCM), fondé en 2003 et très politisé, et Mosquées et musulmans solidaires (MMS), qui entend reprendre la main. Le ministre de l’Intérieur affirme également vouloir combattre les actes islamophobes.

Manuel Valls : “Les musulmans de France doivent s’organiser”
Ce mois sacré du ramadan, ce temps de spiritualité et de partage… est-ce quelque chose qui vous parle ?

Manuel Valls : C’est un mois de partage, de réflexion et d’ouverture vers les autres. C’est pour cela que j’ai répondu présent à l’invitation du recteur Kamel Kabtane. Lyon est une grande ville, j’ai l’occasion d’y venir très souvent. Après ma présence à la grande mosquée de Paris mercredi soir, j’ai tenu à venir ici pour continuer à passer ce même message : d’affection et de respect à l’égard des musulmans français en ce mois de ramadan. L’islam est la deuxième religion de France, elle doit pouvoir trouver toute sa place.

L’islam dit de France traverse une période difficile. Le recteur Kamel Kabtane a pris ses distances avec le CFCM et a décidé de créer une autre structure (MMS)…
Ce que je retiens du recteur de la grande mosquée de Lyon, au-delà de cette mosquée qui va fêter ses vingt ans, ce sont les initiatives qui ont été prises, comme la formation des imams en parfaite adéquation avec la laïcité, et bientôt la pose de la première pierre de l’Institut français de civilisation musulmane (IFCM)…
Personnellement, je suis attaché à ce qu’il y ait une unité de l’islam. Les pouvoirs publics, tant au niveau local que national, ont besoin d’interlocuteurs qui incarnent l’islam de France. L’État, le Gouvernement ne doit pas s’immiscer. Cela a été fait par le passé, avec des résultats que nous connaissons. C’est aux musulmans eux-mêmes de s’organiser et de trouver les solutions qui permettent cette organisation. À l’heure actuelle, il y a un interlocuteur identifié, qui est le CFCM, mais, ce jeudi soir, je suis ici, à Lyon, en compagnie du recteur Kabtane dont la position doit être aussi respectée. Une nouvelle fois, c’est aux musulmans de France de mettre en œuvre une fondation structurée et crédible. Cela permettra avec les autorités publiques de créer des choses très concrètes : la viande halal, les carrés musulmans [dans les cimetières, NdlR], le financement des mosquées…

Certes, mais on a bien vu qu’il y a eu un couac au niveau de la date du début du ramadan. Pensez-vous qu’il y aura un consensus pour la fête de l’Aïd el-Fitr ?

Comme ce n’est pas moi qui fixe la date de début du ramadan, je peux difficilement vous répondre (sourire). Ce qui me semble important, c’est de faire passer un message d’apaisement. Il faut faire en sorte de retrouver une unité.

Qu’avez-vous envie de dire aux musulmans vivant en France qui se sentent souvent stigmatisés, pris régulièrement pour cibles ?

J’ai eu l’occasion de dénoncer à plusieurs reprises les violences à l’égard de musulmans. Tout cela est insupportable. Lorsqu’on s’attaque à un musulman de France, on s’attaque à la République. À ce sujet, il y a beaucoup d’amalgames. Le président l’a rappelé, on se doit d’être intransigeant et de faire preuve d’une grande fermeté envers ceux qui s’en prennent aux croyants comme aux athées. Il n’y a pas de place pour ces mots de haine sur la place publique. On ne peut pas accepter de voir souiller des lieux de culte : des mosquées, des synagogues ou des cimetières. Cela, ce n’est pas la France ! C’est important de le rappeler, de faire en sorte de s’interroger sur comment nous pouvons mieux vivre ensemble. La laïcité n’est en aucun cas la négation de la religion. C’est un magnifique message qu’on peut faire passer au monde entier : en France, pays de la laïcité, la République est notre bien commun – on a le libre choix d’être croyant ou athée, pratiquant ou pas. De ce point de vue-là, Lyon est d’ailleurs une ville exemplaire. Le dialogue interreligieux y est de qualité et permanent. Dans un monde troublé et incertain, on a besoin de construire les voies de la paix et du rassemblement, et de la sagesse.

Par Razik Brikh

Source Lyon Capitale

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