Macron au Maroc, la morale de l’histoire

Cette visite était une réussite totale à tous les niveaux. En la programmant de cette manière et dans ce contexte, les Français voulaient donner plus d’intensité à la relation personnelle entre le Roi Mohammed VI et le président Français Emmanuel Macron. Ils voulaient aussi que s’entame un dialogue stratégique entre Rabat et Paris sur des crises régionales d’une grande dangerosité, comme la crise libyenne où la crise du Qatar.

Par Mustapha Tossa

La Libye est devenu un véritable cauchemar sécuritaire pour l’Afrique du Nord et l’Europe. Ce pays est en train de se transférer en bastion central de l’Etat Islamique. D’ailleurs les services de sécurité européens insistent sur un fait nouveau et potentiellement explosif: les dernièrs attentats qui ont frappé l’Europe, France Belgique , Allemagne et Grande Bretagne sont fomentés et téléguidés depuis la Libye. Et puis il a y aussi la crise du Qatar qui menace de faire exploser le conseil de coopération du Golfe. La France et le Maroc se sont retrouvés sur la même ligne de crête. Les deux pays, qui entretiennent des relations économiques et militaires avec les pays du Golfe, ont un intérêt vital à veiller à ce que la tension baisse dans cette région et n’évolue pas vers une sinon à une confrontation du moins à une guerre froide paralysante.

En se rendant en premier au Maroc, Emmanuel Macron a voulu adresser un message politique clair et limpide sur l’importance et la prééminence qu’il accorde à l’axe Paris Rabat. Cette situation n’est pas de nature à faire plaisir aux autorités algériennes qui ont toujours lorgné sur une exclusivité et un monopole affectif dans leurs relations avec la France sans jamais y parvenir. Mais dans le contexte actuel, l’Algérie ne peut se permettre le luxe de montrer sa mauvaise humeur pour deux raisons principales. La première est l’Algérie vit une période de succession incertaine après la longue et handicapante maladie du président Bouteflika. La seconde est qu’en qualifiant certaines actions de la colonisation de "crimes contre l’humanité", un première dans la bouche d’un responsable français, Emmanuel Macron a montré un courage et une indépendance d’esprit qu’il sera inopportun, voire infructueux pour l’Algérie de contrarier. Mais il n’empêche que la stratégie algérienne demeure de tout mettre en œuvre pour tenter semer la zizanie et le trouble dans la relation Franco-marocaine. Ces tentatives ont déjà échoué avec les prédécesseurs de Macron comme Nicolas Sarkozy et François Hollande. Et il n’a y aucun signal qu’elles vont réussir avec Macron. Le nouveau président français, doté un réalisme à tout épreuve, semble hermétique ces manipulations et ces influences.

D’ailleurs, lorsque le candidat à l’élection présidentielle, Emmanuel Macron s’est rendu en Algérie et a fait sa célèbre sortie sur "la colonisation, crimes contre l’humanité", un vent d’enthousiasme a soufflé sur l’Algérie qui a poussé certains de ses responsables à qualifier Emmanuel Macron "d’ami de l’Algérie". Il faut dire que le président français a réalisé un coup double: Celui de faire tomber un tabou français et celui de légitimer le substrat politique sur lequel est basé le pouvoir algérien, c’est à dire sa relation conflictuelle avec l’ancien pays colonisateur. Les responsables algériens rêvent d’un exécutif français qui entretient des relations tendues avec le royaume du Maroc. Ils ont positionné toute leurs stratégies sur la réalisation de ce rêve. La visite d’Emmanuel Macron au Maroc, l’intense qualité des relations qu’il a su tisser avec le Roi du Maroc, sans parler de l’alliance stratégique qu’il compte consolider avec le royaume font de cette obsession algérienne un irréalisable vœu pieux.

Il est vrai que l’exploit en termes politique réalisé par Emmanuel Macron est de nature à inspirer les jeunes marocains qui ont des vocations briguer des mandats électifs. Sur le plan des rapports avec la France, le Maroc a toujours eu des relations privilégiées avec la droite mais il a eu aussi l’intelligence politique de désarmer les hostilités de la gauche. Mais aujourd’hui cette problématique ne se pose plus en ces termes. Emmanuel Macron a dynamité les champs politique français. Les lignes de fracture entre la droite et la gauche ont bougé. Cela aura forcément un impact sur la diplomatie et le relations avec les partenaires étrangers. Plus de réalisme et moins d’idéologie. Le Maroc à tous les atouts pour s’adapter cette nouvelle donne et pouvoir ainsi conserver la France comme la fois un précieux allié et un infatigable avocat dans la forum internationaux.

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