MEDays 2016: Des ministres africains appellent à mettre en place une stratégie commune de développement en Afrique

Des ministres et anciens ministres de plusieurs pays africains ont souligné, vendredi à Tanger, l’impératif de mettre en place une stratégie commune de développement en Afrique pour parvenir à une co-émergence et aller vers une croissance inclusive et durable.

Prenant part à la 2ème séance plénière du MEDay "Durabilité: Post COP22 et développement", ces hauts responsables ont mis l’accent sur la nécessité de changer le paradigme de développement de l’Afrique, qui a longtemps vécu balkanisée et fragmentée, en mutualisant les ressources du continent, en libérant son potentiel de jeunesse et en coordonnant les plans d’émergence de chaque pays.

Au cours de cette rencontre, placée sous la thématique "L’Afrique et ses challenges: Des chocs à la co-émergence", le ministre d’État en charge de la planification économique de la République du Rwanda, Uzziel Ndagijimana, a fait savoir qu’en dépit de la chute des prix des matières premières qui a profondément impacté l’économie mondiale, l’Afrique a connu une croissance économique forte et soutenue dépassant les 5% pendant deux décennies, un taux des plus élevés au monde, mais qui s’est stabilisée ensuite à 4,5 % en 2014 et 2015. Le ministre rwandais a, toutefois, déploré que cette croissance n’ait pas eu des conséquences significatives sur le commerce et les échanges entre les pays du continent et n’ait pas généré suffisamment d’opportunités d’emploi, pointant du doigt l’absence d’une politique inclusive qui sera de nature à améliorer les conditions de vie de l’ensemble des citoyens notamment en matière de logement, d’éducation et de santé.

Dans ce cadre, M. Ndagijimana a appelé à placer les questions sociales, principalement l’accès à l’éducation, la création d’emploi et la promotion des questions des femmes et des jeunes qui représentent la majorité de la population, au centre de la stratégie de développement de l’Afrique.

Pour l’ancien premier ministre du Burkina Faso, Youssouf Ouedraogo, l’Afrique est restée marginalisée mais cela ne l’a pas empêché de réaliser des progrès notamment en matière de gouvernance et d’organisation du travail, mettant l’accent sur l’importance pour le continent africain de persister sur sa volonté de faire face au caprice de la mondialisation et de développer des partenariats afin de renforcer les grands projets structurants déjà réalisés. L’Afrique, qui a un dividende démographique qui s’annonce à 2 milliards d’habitants en 2050, est appelée à valoriser son potentiel humain et à tirer un maximum de profit de ses ressources naturelles, en fédérant les énergies des cinq parties du continent, a-t-il ajouté.

"L’émergence doit être pensée collectivement", a affirmé de son côté l’ancien premier ministre malien, Moussa Mara, insistant sur l’importance pour l’ensemble des pays africains de s’engager de manière rigoureuse et durable vers la voie de la co-émergence et de penser ensemble les stratégies de développement, tout en s’appuyant sur l’innovation.

M. Mara a ainsi plaidé pour la mise en place d’un fonds de financement commun tout en assurant une interconnexion entre les différents pays sur le plan régional, voire continental, pour parvenir à des résultats concrets, en plus de l’élaboration de projets communs d’infrastructure et d’industrie devant permettre au continent de grimper les échelons sur la chaine de valeur mondiale. Même son de cloche chez l’ancien ministre sénégalais des affaires étrangères, Cheikh Tidiane Gadio, qui a affirmé que "l’Afrique est sous le coup d’une urgence de changement paradigmatique", expliquant que l’ancien paradigme de développement consistant à penser le développement au niveau local s’est avéré "non viable".

"Mettons-nous ensemble, travaillons ensemble", a-t-il insisté, appelant à mettre en place une stratégie de développement unifiée, mais aussi d’une unité de défense commune afin de faire face aux défis sécuritaires, autrement l’Afrique risquerait d’être "le théâtre d’attaques terroristes".

L’ancien ministre sénégalais a également salué la coopération entre le Maroc et sa profondeur africaine, basée sur la vision clairvoyante de SM le Roi Mohammed VI, indiquant que le Royaume, qui jouit d’une aura auprès de bon nombre de pays africains, "a su sereinement prendre sa voie vers l’émergence".

S’agissant des questions de la jeunesse, le ministre gabonais du travail et de l’emploi, Eloi Nzondo, a fait savoir que l’Afrique est traversée par des convulsions d’origines endogène et exogène, exacerbées par les mutations naturelles de l’Humanité, soulignant que ces convulsions dans certains cas ont conduit nombre de jeunes africains à braver d’innombrables difficultés pour quitter le continent et aller chercher une vie meilleure, souvent en Occident.

Dans ce sens, M. Nzondo a indiqué que la nouvelle classe de dirigeants du continent noir doit mener des politiques économiques cohérentes et concertées, dans la perspective de mettre fin à ce phénomène né du désespoir qui s’empare des populations.

Le MEDay "Durabilité: Post COP22 et développement", qui est organisé dans le cadre du Forum MEDays 2016 initié par l’Institut Amadeus sous le Haut Patronage du Roi Mohammed VI, vise à examiner les perspectives de développement de l’Afrique et à débattre des premiers enseignements tirés des travaux de la COP22 et des orientations économiques et énergétiques à prendre à l’entame de la présidence marocaine de cet événement international. Placée sous le thème "De la fragmentation à la durabilité : Révolutionner les paradigmes" et associant plus de 3.000 participants et 120 intervenants de haut niveau, cette 9ème édition du Forum MEDays vise à placer le concept de codéveloppement responsable au centre des enjeux africains et mondiaux, à travers le traitement des modalités concrètes de redéfinition des relations Sud-Nord et de consolidation des rapports Sud-Sud.

(Avec MAP)

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