Loi travail : une nouvelle semaine mouvementée s’annonce en France

Blocage de raffineries et de ports, huitième journée nationale d’action, tentative de « généraliser la grève »… Le ton se durcit pour faire plier le gouvernement.

Les partisans d’un retrait de la loi travail promettent de durcir une nouvelle fois leur mouvement la semaine prochaine pour tenter de faire plier le gouvernement. Blocage de raffineries et de ports, huitième journée nationale d’action, tentative de « généraliser la grève »… Les actions se multiplient.

Une huitième journée nationale jeudi

Ce jeudi, les opposants au projet de loi battront le pavé, lors d’une huitième journée nationale de grèves et de manifestations à l’appel de l’intersyndicale (CGT, FO, Solidaires, FSU, Unef, Fidl, UNL). Une neuvième journée est déjà programmée le 14 juin, avec ce jour-là, un rassemblement uniquement à Paris. Alors que le mouvement semblait s’essouffler depuis le 31 mars (entre 390 000 et 1,2 million de manifestants), il a repris de l’ampleur jeudi, avec entre 128 000 et 400 000 manifestants. Mais l’enjeu, pour les syndicats, est désormais de propager la mobilisation de la rue aux entreprises, en multipliant les arrêts de travail. Le leader cégétiste Philippe Martinez a appelé mardi à « généraliser les grèves ». Jeudi, l’objectif sera de « s’appuyer sur les secteurs en grève reconductible – raffineries, cheminots – pour faire la jonction avec ceux qui vont entrer dans le mouvement », expliquait vendredi Fabrice Angéi, membre de la direction de la CGT.
Le blocage des raffineries se poursuit

C’est désormais l’épicentre de la contestation. Quatre des huit raffineries de pétrole implantées dans l’Hexagone, qui représentent près de 50 % de la capacité de raffinage française, sont affectées par la grève : Gonfreville-l’Orcher (Seine-Maritime), Donges (Loire-Atlantique) et Feyzin (Lyon) sont à l’arrêt, tandis que Grandpuits (Seine-et-Marne) tourne au ralenti. Tout le week-end, par crainte de pénurie, les automobilistes ont pris d’assaut les pompes à essence du Nord-Ouest. Résultat : 1 500 stations en rupture partielle ou totale, sur 12 000 en France, selon les chiffres du secrétaire d’État aux Transports Alain Vidalies. Plusieurs départements ont pris des arrêtés limitant la distribution de carburant. « Nous sommes très déterminés à ce qu’il n’y ait aucune pénurie en France », a prévenu dimanche Manuel Valls. « Nous maîtrisons pleinement la situation », a-t-il assuré, « je pense qu’un certain nombre de raffineries ou de dépôts qui étaient bloqués sont débloqués ou vont l’être dans les heures ou dans les jours qui viennent. »

Vendredi et dimanche, les forces de l’ordre ont débloqué plusieurs importants dépôts de carburant, permettant de réalimenter certaines stations, mais en courant le risque de mettre de l’huile sur le feu. « Hollande et Valls utilisent les mêmes méthodes que M. Sarkozy en 2010. Face à la lutte des salariés, ils envoient les forces de l’ordre pour casser les grèves », a dénoncé samedi Philippe Martinez, promettant « une réaction à la hauteur de ce que le gouvernement fait ». « Des discussions et des assemblées générales sont engagées pour amplifier le mouvement » dans le secteur, a-t-il prévenu.

Nouvelles actions dans les ports

La CGT appelle les dockers à suivre les appels à la grève des 26 mai et 14 juin. « L’activité sera à zéro dans la plupart des ports », a prévenu Tony Hautbois, secrétaire général de la fédération des ports et docks, interrogé par l’Agence France-Presse. En dehors des deux journées nationales, « on appelle nos camarades à être solidaires des initiatives territoriales », après les actions dans les ports de Nantes-Saint-Nazaire, du Havre ou encore de Lorient la semaine dernière. À Nantes-Saint-Nazaire, quatrième port français, le personnel a reconduit jusqu’à lundi sa grève, qui empêche tout mouvement de bateau. Une nouvelle assemblée générale se tiendra à 8 heures pour décider des suites du mouvement.

Incendie éteint chez les routiers ?

Le gouvernement espère avoir désamorcé le mouvement des routiers en leur promettant que le projet de loi n’aura pas d’effet sur leurs heures supplémentaires, qui ne pourront donc pas être majorées de moins de 25 %. Une « très bonne nouvelle » saluée par la CGT et FO, qui ont toutefois appelé à poursuivre les opérations escargots, blocages de zones logistiques et autres barrages filtrants. Mais pas sûr que l’appel soit entendu, selon une source syndicale : « On appelle à poursuivre jusqu’au retrait du projet de loi, mais on sait que la réaction des salariés ne sera pas tout à fait la même. Les heures supplémentaires, c’est vraiment ce qui crispait la base. »

Source AFP

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