Libye: le gouvernement d’union nationale réussit à rallier des soutiens

Le gouvernement d’union nationale libyen a réussi à rallier des soutiens, dont celui de milices et de villes, suscitant l’espoir que cette autorité appuyée par la communauté internationale puisse sortir la Libye du chaos.

Le chef de ce gouvernement formé sous l’égide de l’ONU, Fayez al-Sarraj, est apparu vendredi pour la première fois en public dans une mosquée de la capitale, après avoir débarqué mercredi d’un navire militaire libyen dans la base navale de Tripoli.

Son arrivée a suscité la colère du gouvernement et du Parlement non reconnus internationalement installés à Tripoli et liés à la coalition de milices Fajr Libya, qui l’ont sommé de partir ou d’en assumer les conséquences.

M. Sarraj a néanmoins déjoué les pronostics en recevant de multiples soutiens, malgré la fermeture de certaines routes et des tirs dans la capitale, qui ont fait craindre aux habitants de nouvelles violences.

Portant un coup aux autorités liées à Fajr Libya, qui contrôlent Tripoli depuis août 2014, des milices de la capitale ont fait allégeance à M. Sarraj, de même que les autorités de dix villes de l’ouest de la Libye.

Les municipalités de ces dix villes situées entre Tripoli et la frontière tunisienne, dont Sabratha, Zawiya et Zouara, ont appelé jeudi dans un communiqué à "soutenir le gouvernement d’union".

M. Sarraj a aussi reçu le soutien des gardes des principales installations pétrolières. "Désormais, les recettes de l’exportation du pétrole par les principales installations (de l’est du pays) iront au nouveau gouvernement", a déclaré à l’AFP un porte-parole des gardes des installations.

Et quelque 300 Libyens, défiant le déploiement sécuritaire, ont manifesté à Tripoli, aux cris de "Le peuple veut le gouvernement d’union! Dégage, Ghweil!", référence au chef du gouvernement non reconnu, Khalifa al-Ghweil.

– ‘Importante étape vers la stabilité’ –

Le Conseil de sécurité de l’ONU a salué à l’unanimité vendredi l’installation à Tripoli du chef du gouvernement d’union nationale, qui "marque une importante étape vers la stabilité du pays et la remise sur les rails du processus politique".

Les 15 pays membres du Conseil ont renouvelé dans un communiqué leur appel aux Etats à "cesser de soutenir ou d’avoir des contacts officiels avec les institutions parallèles qui prétendent être l’autorité légitime mais sont en dehors de l’accord politique libyen".

Depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi, tué en 2011 à la suite d’une révolte soutenue par une intervention militaire occidentale, les milices font la loi dans le pays, sur fond de luttes de pouvoir et de violences sanglantes.

Ce chaos a favorisé l’émergence en Libye du groupe jihadiste Etat islamique (EI), maître de vastes territoires en Irak et en Syrie et responsable d’atrocités et d’attentats meurtriers en Afrique du Nord, au Moyen-Orient et en Occident.

Les soutiens à M. Sarraj semblent s’expliquer par la lassitude des Libyens devant le chaos sécuritaire et économique et par l’espoir que suscite son gouvernement qui a promis, avec l’aide de la communauté internationale, d’unifier le pays, de bâtir une armée forte et d’améliorer l’économie exsangue marquée par une profonde crise de liquidités.

-‘Pas de cash’ –

Pour Hussein Dawwadi, chef de la municipalité de Sabratha, "la situation est mauvaise, la vie est devenue beaucoup trop chère, il n’y pas de cash".

"Nous estimons qu’il est temps de soutenir ce gouvernement. Il ne va pas changer les choses immédiatement, mais nous sommes confiants qu’il commencera au moins à régler les problèmes un à un", a-t-il déclaré vendredi.

Depuis des mois, la communauté internationale appelle de ses voeux une autorité unifiée avec laquelle elle puisse travailler pour stopper l’influence jihadiste, la crise migratoire et relancer la production pétrolière.

Vendredi, M. Sarraj est sorti pour la première fois de la base navale où des personnalités politiques et économiques, dont le gouverneur de la Banque centrale, étaient venues le rencontrer.

Le Premier ministre et des membres du gouvernement d’union "s’adonnent à la prière du vendredi dans la mosquée de Mizrane dans le centre de la capitale Tripoli", indiquait la page Facebook de M. Sarraj.

Depuis des semaines, les habitants de Tripoli, confrontés à une cherté de vie d’un niveau inégalé, font la queue devant les banques pour retirer un montant d’argent limité.

Pour aider son protégé, l’Union européenne a imposé jeudi des sanctions à des responsables liés à Fajr Libya mais aussi au président du Parlement rival de Tobrouk (est), Aguila Saleh.

Le gouvernement d’union a été créé après un accord signé fin 2015 sous l’égide de l’ONU par des députés des deux Parlements rivaux et ce malgré l’opposition des chefs de ces institutions.

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