Libye: l’ONU juge « positif » l’accueil réservé à son nouveau projet d’accord

Le dernier projet d’accord de l’ONU a été accueilli de manière « positive » par les délégations rivales libyennes réunies à Skhirat au Maroc, a affirmé mardi l’émissaire Bernardino Leon, qui tente d’arracher la création d’un gouvernement d’union nationale afin de sortir le pays du chaos.

Alors que les représentants des deux Parlements rivaux sont de nouveau réunis depuis lundi à Skhirat, une station balnéaire proche de Rabat, M. Leon a par ailleurs confirmé la tenue d’une réunion en Allemagne, mercredi.

L’ONU tente depuis des mois de trouver un compromis permettant la formation d’un gouvernement d’union en Libye, et espère désormais aboutir avant le début du ramadan, autour du 17 juin. Elle a soumis lundi soir, lors d’une cérémonie officielle, une quatrième mouture du texte, les trois premières n’ayant pas convaincu les parties.

"Tout ce que je peux vous dire pour le moment c’est que la réaction est positive", a affirmé mardi à la presse M. Leon. "Nous n’avons pas encore discuté de manière approfondie entre tous les participants. Mais il y a un sens d’optimisme et beaucoup d’espoirs", a-t-il assuré.

Selon lui, "nous sommes face à la possibilité d’un consensus triple: dans la société libyenne, entre les participants au dialogue et aussi dans la communauté internationale".

Sous couvert d’anonymat, des membres du Parlement de Tobrouk, le seul reconnu par la communauté internationale, ont toutefois fait état de la persistance de désaccords sur au moins "deux points", sans plus de détails.

Les délégations sont censées rentrer auprès de leur Parlement respectif cette semaine pour discuter du projet d’accord, avant de revenir au Maroc.

Mardi matin, Bernardino Leon a eu de nouveaux entretiens, de manière séparée, avec les délégations.

Un départ pour Berlin était prévu dans l’après-midi, afin de rencontrer mercredi "des dirigeants européens et de pays membres du Conseil de sécurité", d’après le porte-parole de la Mission de l’ONU en Libye (Manul), Samir Ghattass.

Le ministère allemand des Affaires étrangères a précisé que cette rencontre serait l’occasion d’un "échange avec les 23 représentants libyens aux négociations de paix conduites par l’ONU et l’émissaire Bernardino Leon". Elle se déroulera en présence du chef de la diplomatie allemande, Frank-Walter Steinmeier.

Face à l’histoire

Les délégations sont sous la pression de la communauté internationale, inquiète notamment de l’implantation du groupe Etat islamique (EI) dans le pays.

A l’issue de leur sommet qui s’est conclu lundi en Allemagne, les pays du G7 ont exhorté les parties libyennes à prendre des "décisions politiques audacieuses".

Plongée dans le chaos depuis la chute en 2011 de Mouammar Kadhafi et déchirée par des combats entre milices lourdement armées, la Libye compte actuellement deux gouvernements –et Parlements– rivaux. L’un dans la capitale Tripoli est sous la coupe de Fajr Libya, coalition de milices dont certaines islamistes, et l’autre est à Tobrouk, dans l’est du pays.

Publié sur le site de la Manul, le projet d’accord soumis lundi soir prévoit notamment la formation, pour un an, d’un gouvernement d’union, avec la désignation d’un Premier ministre.

M. Leon a indiqué la semaine passée que l’ONU se tenait prête à fournir une liste de personnalités susceptibles d’intégrer un tel gouvernement dès la conclusion d’un accord.

La Manul avait dans le même temps qualifié de "décisif" ce nouveau round, appelant "toutes les parties à prendre leurs responsabilités face à l’histoire".

Dimanche au Caire, des responsables égyptiens, algériens et italiens ont apporté leur "soutien" aux tractations, l’Italie relevant qu’un accord permettrait de juguler le flux de migrants quittant les côtes de Libye pour l’Europe.

Réunis lundi à Tunis, les ministres de la Défense de 10 pays méditerranéens ont également exprimé leur "soutien total à l’initiative" onusienne, selon Jean-Yves Le Drian.

"Ceux qui pensent qu’il y a une solution militaire (en Libye) font le lit de Daech (acronyme arabe du groupe EI), qui ne demande que cela", a plaidé le ministre français.

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