Libye: combats meurtriers à Benghazi au 3e jour d’une offensive anti-islamiste

Des combats faisaient rage vendredi à Benghazi, dans l’est libyen, où 18 personnes ont été tuées au troisième jour d’une offensive lancée par des forces pro-gouvernementales pour tenter de reconquérir cette ville tombée aux mains de milices islamistes.

Benghazi est l’une des zones les plus troublées de la Libye, un pays plongé dans le chaos et livré aux milices depuis le renversement de Mouammar Kadhafi au terme de huit mois de conflit en 2011.

Selon un correspondant de l’AFP, les affrontements de vendredi sont les plus violents depuis le début mercredi matin de l’offensive lancée par le général à la retraite Khalifa Haftar, appuyé par l’armée et des civils armés.

Le Centre médical de Benghazi a fait état de 18 morts vendredi, ce qui porte le bilan à 52 morts depuis le lancement de l’opération, selon un décompte de l’AFP basé sur les bilans des hôpitaux de la ville.

Une source au Centre médical a précisé que les victimes étaient notamment des soldats et des civils armés qui participaient aux combats au côté des militaires.

Il n’était pas possible dans l’immédiat d’obtenir un bilan des victimes du côté des groupes islamistes qui annoncent rarement leurs pertes.

Les affrontements ont notamment eu lieu dans le quartier central d’al-Majouri où résident Mohamed al-Zehawi, le chef du groupe jihadiste Ansar Asharia -classé organisation terroriste par Washington- et plusieurs de ses hommes.

Selon des témoins, des armes de différents calibres ont été utilisées dans une guerre de rues, au milieu d’un quartier résidentiel à forte densité d’habitations.

Le Croissant rouge libyen a appelé à un cessez-le-feu "même pour une heure" pour permettre aux familles de fuir les zones de combats.

Les forces aériennes ont mené par ailleurs des raids sur des fiefs des groupes islamistes à Benghazi, notamment dans les quartiers d’al-Lithi, al-Massaken et Bouatni, au sud-est de la ville.

Selon une source militaire, l’essentiel des forces terrestres de Khalifa Haftar, stationnées sur les hauteurs d’al-Rajma, dans la banlieue sud-est de Benghazi, ne sont pas encore entrées dans la ville.

– ‘Victoire proche’ –

Dans une déclaration à la télévision Al-Karama, acquise à sa cause, M. Haftar a indiqué qu’il était "satisfait des résultats de la bataille de Benghazi", "promettant une victoire proche".

Le général Haftar, qui avait participé à la révolte contre Mouammar Kadhafi, a lancé en mai une opération baptisée "Dignité" contre les milices qu’il a qualifiées de "terroristes".

Il a été accusé dans un premier temps par les autorités de tenter un "coup d’Etat". Mais ces dernières ont changé de position depuis, et l’armée régulière libyenne affiche désormais clairement son soutien à l’opération du général Haftar et à sa nouvelle offensive sur Benghazi.

Ce rapprochement a été dénoncé par la coalition de milices armées, notamment islamistes, et originaires de la ville de Misrata (est de Tripoli), qui contrôle la capitale depuis août.

Cette coalition "Fajr Libya" (Aube de la Libye) a récemment élargi son offensive à l’ouest de Tripoli.

Depuis plusieurs jours, des combats font ainsi rage entre Fajr Libye et des forces de Zenten (ouest) et de leurs alliés, en particulier autour de la ville de Kekla, à une centaine de kilomètres au sud-ouest de Tripoli.

Selon des analystes, la flambée des violences en Libye ces derniers jours risque de compromettre le dialogue politique lancé fin septembre par l’ONU, dans le but de mettre fin aux violences et à l’anarchie institutionnelle dans le pays.

Les Libyens font face en effet à une situation inédite avec deux Parlements et deux gouvernements en place, compliquant la difficile transition politique dans un pays en proie au chaos depuis la chute du régime Kadhafi en 2011.

Forte de son succès militaire, Fajr Libya a formé un gouvernement parallèle à Tripoli, tandis que le Congrès général national (CGN, le Parlement sortant dominé par les islamistes et des députés de Misrata) a repris ses travaux bien que son mandat ait expiré théoriquement avec l’élection en juin du nouveau Parlement.

Le gouvernement et le Parlement reconnus par la communauté internationale ont dû s’exiler à l’est du pays, à Tobrouk et al-Baïda, des villes contrôlées par les forces loyales à Haftar.

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