Libye- Responsable (Libération)

Les images, les reportages de Libye ne peuvent qu’inquiéter. Ce corps du dictateur ensanglanté que l’on traîne sur le sol, que l’on tue et que l’on exhibe ne peut représenter un nouveau régime. On peut comprendre qu’après quarante-deux ans de tyrannie, la transition ne se passe pas comme une votation en Suisse. Muammar al-Kadhafi a emprisonné, torturé et tué des milliers de ses concitoyens, son régime a transformé son pays en une dictature absolue, absurde et corrompue. L’Occident, la France peuvent se féliciter de sa chute, mais c’est le même homme qui campait en face de l’Elysée et était reçu par Nicolas Sarkozy il y a seulement quatre ans comme un homme d’Etat respectable et client à ménager de l’industrie française.

Le nouveau régime va d’abord devoir s’expliquer sur les conditions de l’exécution de Kadhafi s’il veut rester crédible, mais aussi la France, qui a bombardé son convoi. Les morts publiques de Saddam Hussein ou du couple Ceausescu ont marqué à tout jamais les gouvernements qui les ont remplacés.

On ne peut que se féliciter des printemps arabes ayant mis fin à des tyrannies abjectes qui ont humilié leurs peuples. Les départs de Ben Ali, Moubarak, Kadhafi et on l’espère un jour d’Assad, Bouteflika ou Saleh rendront dignité à leur pays. Mais ce qui se passe en Libye montre que la chute du dictateur n’est que le premier pas. Les pays qui ont soutenu l’opposition et précipité par leur intervention la fin de Muammar al-Kadhafi doivent exiger de ses successeurs un respect de la loi, de la démocratie et des droits de l’homme. La communauté des nations s’est donné un droit d’ingérence en Libye qui la rend comptable de l’après-Kadhafi.

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