Libye: Bernardino Leon en quête d’un rapprochement des vues et de plus de flexibilité

Le représentant personnel du secrétaire général de l’ONU pour la Libye, Bernardino Leon, devra reprendre, cette semaine, les consultations avec les différentes parties libyennes, en vue de rapprocher les vues et ouvrir la voie à une solution de compromis.

Dans l’actuelle étape de ce processus, M. Leon devra axer ses efforts sur les moyens d’assouplir les positions des deux Parlements rivaux, en particulier le Congrès national général (CNG), premier Parlement après la chute de l’ancien régime dont le mandat a expiré, surtout que ses dirigeants, qui siègent à Tripoli, ont menacé de retirer leurs négociateurs des pourparlers de paix, sous l’égide de l’ONU.

Le projet d’accord proposé par le médiateur onusien, fruit des négociations tenues dans la ville marocaine de Skhirate, est perçu par les observateurs comme la dernière chance de tirer ce pays maghrébin de la crise complexe dans laquelle il se bat depuis quatre ans, en plus de mettre sur pied des mécanismes institutionnels susceptibles d’aider à un retour progressif à la normale.

La nouvelle initiative de Bernardino Leon reflète les avancées réalisées dans les négociations entre le Parlement libyen élu, qui se trouve à Tobrouk (Est), et le CNG, de même qu’elle dénote d’une tentative sérieuse de rapprocher les positions défendues par les deux camps.

Le Parlement élu, qui jouit de la reconnaissance internationale, s’accroche à la légitimité des urnes, tandis que le CNG s’appuie sur un jugement de la Cour constitutionnelle qui, selon sa lecture, a sapé la base juridique de la tenue des élections de juin 2014.

Parmi les observateurs et experts locaux, le projet d’accord onusien, qui reste perfectible pour concilier les exigences des uns et des autres, est considéré comme la planche de salut pour un pays traumatisé par l’effusion du sang et aspiré par une anarchie de plus en plus inquiétante aux plans régional et international.

La délégation de l’ONU a ainsi expliqué que la solution proposée pourrait constituer une base pour un accord politique global mettant un terme au conflit militaire en Libye, en prévoyant une période de transition de deux ans devant baliser le terrain à la consécration des principes démocratiques, notamment la séparation des pouvoirs, l’alternance pacifique, le rejet catégorique du terrorisme et de la violence et le respect des droits de l’Homme.

Le projet stipule également la mise en place d’un "Conseil de l’Etat" avec des attributions bien déterminées, outre la prorogation du mandat de l’Assemblée constituante en vue de l’élaboration d’une Loi fondamentale.

Au plan régional, les pays maghrébins ont salué les efforts onusiens en Libye, par la voie du Conseil des ministres des Affaires étrangères qui tenait sa 33ème session, jeudi dernier à Rabat.

Faisant part de leur "profonde préoccupation" de la situation en Libye, ils ont mis l’accent sur l’engagement d’un dialogue inclusif en vue de constituer un gouvernement d’unité nationale capable de faire face au terrorisme, rétablir la sécurité et assurer le contrôle de ses frontières avec les pays voisins.

La position des pays maghrébins s’entrecroise avec celle exprimée par l’Union européenne, qui a apporté son soutien aux bons offices de l’ONU en insistant sur la solution politique et la formation d’un gouvernement d’union nationale, tout en mettant en garde contre les menaces terroristes qui guettent le pays.

Le même esprit a été exprimé dans une précédente position des Etats-Unis, de la France, de la Grande-Bretagne, de l’Allemagne et de l’Italie, des pays concernés par la stabilité en Méditerranée qui connaît une vague d’immigration clandestine sans précédent à partir des côtes libyennes.

Il y a une semaine, le Parlement libyen élu a annoncé avoir accepté "en principe" le projet d’accord du représentant personnel du secrétaire général de l’ONU pour le règlement de la crise politique dans le pays.

L’institution législative, qui représente le gouvernement reconnu par la communauté internationale, a également réitéré son "soutien au dialogue en tant qu’unique voie pour résoudre la crise en Libye, mettre un terme aux souffrances du peuple et stopper la machine de guerre et la destruction".

En revanche, le Congrès national général libyen a exprimé, auparavant, "sa déception" du projet d’accord présenté par le facilitateur onusien, en ce sens qu’il constitue "un retour à la case départ".

Le CNG a indirectement accusé le facilitateur onusien de ne pas respecter les termes convenus dans les précédents rounds du dialogue inter-libyen pour parvenir à un accord politique "tangible et équilibré", se déclarant disposé à œuvrer pour trouver une issue.

Dans un souci de faire dissiper les appréhensions exprimées, Bernardino Leon, qui a promis un accord "juste et raisonnable", avait expliqué que le texte proposé peut être développé et doit être considéré comme tel, jusqu’à ce que les parties parviennent à une solution de compromis réalisable durant ce qui reste de la période de transition.

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