Les secrets d’une étrange affaire (NouvelObs)

Pourquoi d’une simple rumeur est-on passé à une affaire qui a mis l’Elysée en folie ? Comment Rachida Dati a-t-elle été mise en cause ? Quand Nicolas et Carla Sarkozy ont-ils décrété le cessez-le-feu, en catastrophe ? Pourquoi tant d’improvisation et d’approximations ? Marie-France Etchegoin et Agathe Logeart dévoilent toutes les pièces d’un «Clearstream sentimental» qui donne le tournis à la droite

C’est peut-être le 15 mars que tout a basculé. Ce jour-là, Carla Bruni-Sarkozy est furieuse et décroche son téléphone. Ce ne sont pas les résultats des élections régionales, dont le premier tour a eu lieu la veille, qui la préoccupent. Mais les calomnies sur sa vie privée et celle de son mari. La semaine précédente, un blog du JDD.fr les a mises en ligne pendant à peine quelques heures et elles ont fait le tour du monde.

La colère de la première dame est telle qu’elle appelle Sophie Sarkozy, l’ex-belle-soeur de Nicolas : «Je sais de source sûre que toi et ta copine Rachida vous êtes à l’origine de ces rumeurs. » L’épouse du président affirme disposer de «preuves concrètes». L’affaire est grave, dit-elle, les intérêts de l’Etat sont en jeu, une enquête est menée. Son interlocutrice s’insurge et dément avoir colporté le moindre ragot. Mais les accusations de Carla Bruni-Sarkozy – devant d’autres témoins, elle assure avoir eu connaissance de textos qui confirment ses soupçons – arrivent jusqu’aux oreilles de Rachida Dati. Des «preuves concrètes » ? Lesquelles ? Comment les aurait-on obtenues ? Lex-ministre de la Justice, qui se vit en éternelle persécutée, commence à se demander si elle n’a pas été placée sur écoute.

Dès lors, une mèche est allumée, qui va se consumer lentement. Ce qui aurait pu rester une « histoire de bonnes femmes », comme on dit vulgairement, se transforme en mini-affaire d’Etat. On a frôlé le « rumeurgate » la semaine dernière. Difficile en effet de réduire la pathétique tragi-comédie qui ébranle la sarkozie à une simple « pipolerie ». Elle fait naître des interrogations sur les méthodes utilisées au sommet de l’Etat et n’engage rien de moins que le couple présidentiel, son avocat, l’un de ses conseillers les plus proches, une ancienne garde des Sceaux, et enfin le patron du contre-espionnage français. Pour en démêler les fils, il faut faire la part entre les faux-semblants, les mensonges et quelques évidences. Parmi lesquelles celle-ci : Rachida Dati la réprouvée, exilée à Strasbourg par Nicolas Sarkozy, détestée par Carla Bruni, a réussi le tour de force d’obtenir un cessez-le-feu du président et de faire dire à Carla Bruni, dépêchée en catastrophe sur Europe 1 le mercredi 7 avril, l’exact contraire de ce qu’elle pensait et savait. On a rarement vu, dans la chronique politique, retournement aussi brutal et aussi radical.

Pendant les trois semaines qui ont précédé cette étonnante volte-face, on ne donnait pourtant pas cher de la peau de Rachida Dati. L’ancienne ministre était plus que jamais devenue une pestiférée qu’il fallait « rayer de la carte ». C’est le dimanche 14 mars qu’elle commence à réaliser que cette offensive-là dépasse tout ce qu’elle a vécu jusqu’ici. Ce soir du premier tour des régionales, elle s’apprête à quitter sa mairie du 7e arrondissement pour filer vers France 2. Son chauffeur fait ronfler le moteur mais son officier de sécurité lambine dans la cour, pendu au téléphone. Avec le ministère de l’Intérieur. Abasourdi, il annonce à l’ex-garde des Sceaux que son escorte policière est supprimée sur-le-champ. Rachida Dati accuse le coup. Claude Guéant l’avait prévenue que cette protection lui serait progressivement retirée. Mais à cet instant, et de cette façon, à quoi cela rime-t-il ? «Ne fais pas l’idiote, tu sais bien qu’ils veulent t’ éliminer parce qu’ils croient que c’est toi qui baves », lui lance une journaliste croisée sur le plateau de télé. Dès le lendemain, 15 mars, l’ex-ministre contacte Claude Guéant, le secrétaire général de l’Elysée. Elle veut savoir : est-elle oui ou non accusée par «Nicolas» et «Carla» de propager la rumeur ? Guéant assure qu’il n’en sait rien. Rachida Dati poursuit son enquête. On lui dit que Pierre Charon, le conseiller de l’Elysée, ou Brice Hortefeux, le ministre de l’Intérieur, sont persuadés qu’elle est la calomnieuse en chef, qu’il existe contre elle des témoignages, des « éléments probants », que Carla Bruni détiendrait des «preuves ». Peut-être une campagne d’intox seulement destinée à la faire craquer…

Preuves matérielles

Pour le moment, on est encore dans le psychodrame courtisan. D’ailleurs Rachida, l’ex-favorite, prend aussitôt sa plus belle plume pour écrire au président. Elle jure qu’elle lui a toujours été loyale, malgré sa mise en quarantaine au Parlement de Strasbourg, lui redit sa fidélité, l’exhorte à ne pas écouter la «bande de voyous» qui le manipulent et la haïssent. Que Rachida cesse d’attaquer mon entourage, lui fait dire un Nicolas Sarkozy excédé. C’est comme ça ? Dati renvoie la balle : désormais, elle ne répond plus de rien. Brice Hortefeux, qui connaît le tempérament volcanique de son ex-collègue du gouvernement, met son casque lourd et tente une médiation téléphonique : la suppression de ton escorte et de ta 607 n’est en rien une vengeance, lui explique-t-il en substance. Elle lui raccroche au nez. De cette crise de nerfs au sommet, rien ne filtre. Jusqu’au mardi 30 mars, en fin d’après-midi.
C’est l’heure où, dans les ministères et les rédactions, on attend la livraison du « Canard enchaîné», qui paraît le lendemain. L’hebdomadaire raconte à ses lecteurs que Rachida Dati a été privée de la voiture mise à sa disposition par l’Intérieur, de son chauffeur et de ses officiers de sécurité. Mais aussi ce qu’elle a toujours refusé de croire : c’est Nicolas Sarkozy « en personne » qui a ordonné au directeur général de la police, Frédéric Péchenard, cette mesure de rétorsion. «Le chef de l’Etat, souligne surtout l’article, soupçonne l’ancienne ministre de la Justice de colporter des rumeurs sur la vie intime de Carlita et de Chouchou. » Pour la première fois, c’est écrit noir sur blanc.
Dati la « langue de vipère », Dati la « commère », Dati la coupable. C’est tellement crédible. Peu importe que les « bruits » sur les supposées infidélités de Nicolas et Carla Sarkozy courent dans le Tout-Paris politique, littéraire ou artistique depuis presque six mois, que des élus de gauche mais aussi de droite les colportent avec une incroyable légèreté et en toute impunité, que les rumeurs aient traversé la plupart des rédactions avant d’atterrir sur internet. Deuxième salve. Ce mardi 30 mars, lors d’un déjeuner avec des élus parisiens de la majorité, Pierre Charon, le conseiller spécial de Nicolas et Carla Sarkozy, lâche une petite bombe : il affirme que l’Elysée a des preuves matérielles de l’implication de l’ex-garde des Sceaux dans la propagation de la rumeur. Certains convives assurent qu’il a même été plus loin. Ils racontent que le responsable des chasses présidentielles a évoqué une enquête sur les communications téléphoniques de l’ancienne ministre, se vantant d’avoir ses textos. Ils sont effarés, ce serait tellement gros. Ils ne sont sûrs de rien mais s’empressent de le rapporter à Rachida Dati, qui s’envole quelques jours plus tard pour le Qatar, invitée au mariage de la fille de l’émir.

Pendant son voyage, Rachida Dati a loupé un épisode du feuilleton. Le vendredi 2 avril, en effet, Pierre Charon s’exprime pour la première fois publiquement sur la rumeur relayée par le JDD.fr. «Nous faisons de cette ignominie un «casus belli». Nous voulons aller jusqu’au bout pour que cela ne se reproduise plus jamais», déclare-t-il sur le site du «Nouvel Observateur », qui annonce le dépôt d’une plainte, encouragé par l’Elysée, contre l’auteur du blog. « Comme on dit, la peur doit changer de camp », prévient- il. Charon aime la castagne, en cette veille de week-end de Pâques, il va être servi.

Ses déclarations au canon ont pulvérisé le silence observé jusque-là par l’Elysée. Sur Rue89, il en rajoute : «Maintenant, on va voir s’il n’y a pas une espèce de complot avec des mouvements financiers. » Et qui complote ? Le dimanche, le « JDD », cette fois dans son édition papier, croit avoir la réponse : « Selon nos informations, une enquête des services de renseignement français, remise au chef de l’Etat, ciblerait notamment Rachida Dati. » Dès le lundi, Bernard Squarcini, le patron de la DCRI, confirme au « Nouvel Observateur » que le contre-espionnage a bien été saisi pour retracer le cheminement de la rumeur qui a flambé «de la «Pravda» à l ‘ «Indian Times» ». Mais que rien ne permet de mettre en cause «Madame Dati », qui n’a d’ailleurs fait l’objet « d’aucune enquête ».

La thèse du complot

En ce lundi de Pâques, la députée européenne ignore encore cette mise au point. « Ciblée par les services de renseignement » ? N’importe qui paniquerait. Elle est «bouleversée», bien sûr, comme le dit son avocat Me Georges Kiejman, qui menace de poursuites en diffamation. Mais, fine mouche, elle entrevoit aussi, pour la première fois depuis presque un mois, une possible porte de sortie. Rien n’accrédite formellement les écoutes. Une rumeur dans la rumeur ? Ses ennemis ont commis en tout cas une terrible bourde en laissant entendre qu’une ancienne ministre ait pu être victime des « grandes oreilles ». Dati, maîtresse dans l’art de la victimisation, sent qu’elle tient là de quoi retourner habilement la situation. Les membres de la majorité qui ont assisté au déjeuner avec Pierre Charon anticipent eux aussi le danger. Sont-ils devenus fous, au Château ? Préparent-ils un remake des « écoutes de l’Elysée », comme au bon vieux temps des gendarmes Prouteau et Barril sous Mitterrand ? Le Tout-Paris politique voit des espions partout. On raconte que ministres ou parlementaires s’autocensurent dans leurs textos ou leurs mails et se mettent à enlever les batteries de leurs téléphones portables lors de leurs rendez- vous confidentiels. Il faut arrêter l’incendie. Le message remonte en haut lieu. Nicolas Sarkozy n’a pas besoin d’un dessin. Il a compris que le «rumeurgate » pourrait se montrer dévastateur. Pour lui. Et pour son épouse qui répète si souvent à ses interlocuteurs que son mari n’est pas du genre, lui, à actionner les polices parallèles.
Bientôt, les élus UMP, déjà affolés par les imprudences de Charon, apprennent que Brice Hortefeux s’est lui aussi laissé aller à la confidence devant des journalistes, entre les deux tours des régionales. Ce qu’il leur a dit est stupéfiant : en actionnant la presse étrangère contre le couple Sarkozy, d’aucuns chercheraient à nuire «à la France qui s’apprête en 2011 à prendre la présidence du G20». Aussitôt s’échafaudent les hypothèses les plus tordues : pourquoi le ministre de l’Intérieur évoque-t-il d’aussi sombres scénarios ? Pour masquer l’inavouable ? Les écoutes administratives, autorisées par l’exécutif et hors procédure judiciaire, sont en effet possibles quand l’intérêt national ou la sécurité sont menacés. En invoquant un éventuel complot, chercherait-on à couvrir ou à excuser une instrumentalisation, voire un usage privé, des services de renseignement ? Squarcini répète que son enquête, ordonnée par son autorité de tutelle, n’a rien d’illégal et qu’il n’y a pas eu d’écoutes. Un proche du président renchérit : «Rachida la pipelette n’a pas besoin des services secrets pour se faire choper » Malgré tout, le soupçon ou la parano gagnent du terrain. Au même moment, les soutiens de Dati, ulcérés par son « lynchage » ou mus par un froid calcul politique, sortent du bois à coups de déclarations à l’AFP Le vent commence à tourner.

Le mardi 6 avril, à 8 heures du matin, Jean-Pierre Raffarin, qui sent que la maison brûle, rencontre Nicolas Sarkozy en tête à tête. Il revient avec des nouvelles encourageantes pour la députée européenne : le président la recevra bientôt, à condition qu’elle « calme le jeu ». L’accusée Dati se reprend à espérer. Las. En ces jours agités, où les grâces et les disgrâces tombent par presse interposée, la nouvelle édition du «Canard enchaîné» la cloue au sol : « Le président de la République ne veut plus voir Rachida Dati », y déclare très officiellement Claude Guéant. Cette fois, ce n’est plus le vibrionnant Charon qui parle, mais un homme peu suspect d’incontinence verbale, et surtout le double du chef de l’Etat, sa plus proche éminence, « the dark cardinal of the Sarkozy administration », comme l’appelle le «New York Times». Pour l’ex-garde des Sceaux, ces mots résonnent comme une sentence de mort.

Il n’y a plus de temps à perdre. « Ils » jouent au poker menteur ? Elle aussi, elle sait faire. Il ne lui a pas échappé que « le Canard » parle à nouveau d’« une enquête avec écoutes autorisées à l’appui, selon un collaborateur de l’Elysée». Dès le lendemain, sur RTL, chez Jean-Michel Apathie, avant de ne plus répondre aux journalistes, elle abat son carré d’as : « Tout ce que je peux vous dire, c’est que j’ai été magistrat, garde des Sceaux, que j’ai travaillé au ministère de l’Intérieur Des éléments matériels, que ce soit des enquêtes ou des écoutes téléphoniques, c’est absolument impossible dans un Etat de droit. Je connais assez bien le président de la République, il a toujours combattu ce genre de pratiques. Donc, ça ne peut pas exister. » A bon entendeur… Elle n’a pas geint, elle a parlé avec une détermination peu commune. D’où lui vient cette assurance ? Ce qu’elle n’a pas dit, ce que personne ne sait, c’est que la veille de son interview, quelques heures après la gifle de Guéant via « le Canard », Nicolas Sarkozy lui a téléphoné. Quels mauvais ou bons souvenirs ont alors partagés le président et son ancienne protégée ? Quels secrets ? Rachida Dati, en tout cas, semble avoir compris que si elle n’attaquait pas frontalement le président, un gage de clémence pourrait lui être donné. Publiquement. Le gage est arrivé, plus vite encore qu’elle ne l’imaginait. Et de quelle manière ! Le jour même, à l’heure du déjeuner, Carla Bruni Sarkozy appelle la radio concurrente, Europe 1. A 16h30, elle débarque dans les studios, par les sous-sols, pour enregistrer six minutes d’interview A 18 heures, elle martèle en différé : « Rachida Dati reste tout à fait notre amie… L’accusation qui dirait qu’elle aurait propagé ces rumeurs est une rumeur. » La première dame parle solennellement «au nom de [son] mari », le président. Unique dans les annales de la République. Fermez le ban.

Les armes de Rachida

L’Elysée croit alors avoir sifflé la fin de la récréation. De manière commode, le Château fait du seul Pierre Charon le mauvais génie de ce surréaliste vaudeville politico-policier. C’est oublier que Me Thierry Herzog, le très fidèle avocat du couple présidentiel, s’est empressé d’évoquer lui aussi – de son propre chef ? une éventuelle « machination » ourdie par « intérêt personnel ou financier». Les dénégations de Carla Bruni-Sarkozy sont loin d’avoir épuisé les mystères de ce « Clearstream sentimental» (dixit un député UMP). A ce jour, on ignore toujours si les écoutes évoquées par l’incontournable Charon ne sont qu’une fanfaronnade – dans un autre pays, on déclencherait des commissions d’enquête pour moins que ça… On ne sait pas davantage pourquoi il fallait mettre en branle le contre-espionnage pour s’apercevoir que la presse internationale n’avait fait que relayer les élucubrations d’un jeune salarié du « JDD ». On se demande toujours de quelles armes dispose l’ancienne garde des Sceaux pour avoir ainsi fait fléchir le coeur de la sarkozie. Pendant ce temps, le « New York Times » se gausse de cette nouvelle «french farce ». « The Economist» fait la leçon au président Sarkozy : comment s’étonner d’une telle tourmente, alors qu’« il a lui-même brouillé la ligne entre vie publique et vie privée » ? Quant au « Guardian », il ne lui trouve aucune excuse : « Ce scandale et le traitement infligé à Rachida Dati montrent que la cour du chef de l’Etat français est aussi vindicative et cruelle qu’au temps de Marie-Antoinette et de Louis XVI »

Mensonges, reculades et faux-semblants

La vérité d’hier n’est peut-être pas celle d’aujourd’hui», a déclaré Claude Guéant dans un magistral rétropédalage, après l’interview de Rachida Dati sur RTL. La veille, il venait de dire que le président de la République ne voulait plus voir l’ex-ministre. Peut-être inspirée par l’aphorisme du secrétaire général de l’Elysée, Carla Bruni a aussi éclairci, sur Europe 1, plusieurs points décisifs. Sa colère – ainsi que celle de son mari – face aux ragots sur leur vie conjugale ? Une vue de l’esprit. Cette rumeur n’a eu « aucune importance ( … ). Nous n’avons jamais essayé de la combattre… Nous avons tourné la page depuis belle lurette ». Rachida Dati désignée par le couple présidentiel comme la principale propagandiste du « on dit » ? Balivernes. C’est « notre amie ». La volonté de Carla et Nicolas Sarkozy de trouver les coupables, y compris en diligentant une enquête de police ? « C’est inimaginable de dire une chose pareille. » Un peu plus tard dans la soirée, Bernard Squarcini, le chef du contre-espionnage, disait l’inverse. La vérité de 18 heures n’est pas celle de 22 heures.
Rachida Dati, elle aussi, a fait montre d’un rapport au réel pour le moins approximatif. Le même 7 avril, sur RTL, Jean-Michel Apathie lui demande si elle a «parlé au président ». «J’espère le voir bientôt», lui répond-elle. Selon l’enquête du «Nouvel Obs», elle l’avait pourtant eu la veille au téléphone, pour une longue conversation. « L’Elysée n’a à aucun moment demandé à ce qu’il y ait une enquête de police » a aussi juré, le 8 avril, le porte-parole du gouvernement Luc Chatel, balayant d’un revers de la main les vérités énoncées la veille par le patron de la DRCI : « Mon service a été saisi par mon autorité de tutelle, le directeur général de la Police nationale Frédéric Péchenard, début mars. » Lequel a peut-être été mu par le Saint-Esprit ?

Il y a enquête et enquête…
Dans un Etat de droit comme la France, les pouvoirs d’enquête sont, en théorie, strictement encadrés. Ainsi, la Direction centrale du Renseignement intérieur (ex-RG et DST) ne peut pratiquer d’écoutes que dans deux cas de figure.

– Les écoutes judiciaires : elles sont ordonnées par un juge d’instruction qui ne peut y procéder que si la peine encourue est égale ou supérieure à deux ans d’emprisonnement. En revanche, il est rigoureusement interdit d’y avoir recours pendant une enquête préliminaire ou une enquête de flagrance.

– Les écoutes administratives ou « interceptions de sécurité », hors autorisation d’un juge, ne peuvent être autorisées à titre exceptionnel que lorsqu’elles ont pour but de rechercher des renseignements intéressant la sécurité nationale, la sauvegarde des éléments essentiels du potentiel scientifique et économique de la France, ou la prévention du terrorisme, de la criminalité et de la délinquance organisées … Saisi par la Défense, l’Intérieur ou les Douanes, c’est le Premier ministre qui donne son accord par écrit, avant de le transmettre dans un délai maximal de 48 heures à la Commission nationale de Contrôle des Interceptions de Sécurité, qui est une autorité indépendante chargée du contrôle de légalité de la procédure, et tenue au secret.

Toute autre forme d’écoute (officines privées ou enquêteurs peu scrupuleux) est strictement illégale.

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