Les producteurs de pétrole échouent à se mettre d’accord à Doha

De grands producteurs de pétrole, réunis au Qatar, ont échoué dimanche à se mettre d’accord sur un gel de la production pour soutenir des prix en berne sur fond de rivalités entre l’Iran et l’Arabie saoudite.

Une quinzaine de pays membres et non membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), dont les principaux producteurs –Arabie saoudite et Russie–, étaient représentés à Doha.

Les pays concernés ont besoin de "plus de temps", a déclaré le ministre qatari de l’Energie Mohammed ben Saleh al-Sada à l’issue de six heures de tractations. Aucune date n’a été fixée pour une nouvelle réunion, a-t-il ajouté.

L’idée discutée à Doha, selon plusieurs ministres, était de décider d’un gel jusqu’à octobre de la production de brut à ses niveaux de janvier, afin de stabiliser le marché et de soutenir les prix, plombés par une surabondance de l’offre.

Mais certains pays ont exigé des changements, a indiqué un délégué à l’AFP.

Selon une source citée par l’agence de presse russe Ria-Novosti, l’Arabie saoudite a notamment exigé la participation de tous les pays de l’Opep au mécanisme.

Ryad "a posé comme condition la participation de tous les pays de l’Opep, dont l’Iran", a indiqué cette source dans l’une des délégations.

Des divergences entre l’Iran et l’Arabie saoudite, les deux grands rivaux du Moyen-Orient, avaient éclaté avant même le début des discussions, entraînant une décision de boycott de Téhéran.

L’Iran veut profiter de la levée partielle des sanctions internationales après l’entrée en vigueur de l’accord nucléaire à la mi-janvier pour augmenter sa production et ses exportations et reprendre ses parts du marché.

"Dans la mesure où il n’est pas prévu que l’Iran signe ce plan, la présence d’un représentant de l’Iran à cette réunion n’est pas nécessaire", a déclaré le ministre iranien du Pétrole Bijan Namdar Zanganeh.

"L’Iran ne renoncera en aucune manière à son quota de production historique", a affirmé avec force M. Zanganeh, en référence au niveau de production et d’exportation de son pays d’avant les sanctions internationales.

Dans une interview publiée samedi par l’agence de presse Bloomberg, le vice-prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, avait réaffirmé que le royaume ne gèlerait pas sa production de brut à moins que l’Iran n’en fasse autant.

Un accord, négocié en février par l’Arabie, la Russie, le Qatar et le Venezuela, visait à geler la production de brut aux niveaux de janvier afin d’enrayer la surabondance de l’offre, jusqu’à ce que la demande reprenne au 3e trimestre de 2016.

Ensemble, les membres de l’Opep ont pompé 32,25 mbj en mars, dont près d’un tiers par l’Arabie saoudite, contre une moyenne de 31,85 mbj en 2015.

Les cours du pétrole avaient fini en nette baisse vendredi, victimes d’un regain de scepticisme avant la réunion de Doha, et il est probable qu’un vent de pessimisme s’empare du marché lundi, selon des experts.

Plusieurs experts dont l’Agence internationale de l’énergie (AIE) avaient estimé qu’un éventuel accord à Doha aurait un impact limité sur un marché pétrolier qui est resté volatil, malgré l’accord de février.

De son côté, l’Opep avait fait savoir, avant la réunion, que l’offre excédentaire pourrait encore s’accentuer. L’Organisation a aussi révisé à la baisse ses prévisions de croissance de la demande mondiale cette année et pourrait les réduire davantage.

La chute d’environ 60% des cours du brut depuis juin 2014 a été causée par une surabondance de l’offre, consécutive à une forte augmentation de la production de pétrole non conventionnel, dont le pétrole de schiste américain, et le refus par l’Opep en novembre 2014 de réduire sa production.

Les pays exportateurs ont ainsi perdu des centaines de milliards de dollars et accusé des déficits budgétaires ayant conduit à des mesures d’austérité.

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