Les nouvelles alliances pour éradiquer l’Etat islamique

Maintenant qu’il y a une prise de conscience internationale que l’Etat Islamique est la plus grande menace terroriste qu’affronte le monde, le temps est venu pour examiner toutes les pistes pour procéder à son éradication. L’idée d’un sommet international lancé par la France sur la question est en train de faire doucement son chemin même si elle ne semble pas susciter d’enthousiasme débordant. La solution américaine pour traiter cet épineux problème se résume pour l’instant à un bombardement aérien et’ sélectif des postions reconnues de l’Etat islamique doublé d’un effort remarqué et inédit d’armer les kurdes d’Irak pour les lancer dans la bataille terrestre avec les terroristes de l’Etat islamique.

Par Mustapha Tossa

Pour avoir été sans doute involontairement à l’origine de sa création et de son renforcement lorsqu’il s’agissait de lancer les hordes de l’Etat islamique contre le régime honni de Bachar al Assad , Américains, Européens et certains pays arabes de la région se trouvent aujourd’hui dans l’obligation de réécrire une nouvelle partition de leurs alliances à l’ombre de la mortelle menace que constitue l’Etat islamique. Ainsi par la magie d’une nouvelle équation, les ennemis d’hier peuvent s’imposer comme les alliés de demain. Les grands bénéficiaires de ce brusque retournement de situation semblent être l’Iran et la Syrie.

Ainsi Bachar al Assad, l’homme qui était encore il y a quelques semaines dans le viseur de la communauté internationale semble retrouver grâce aux yeux de certains. Pas au point tout de même de lui dérouler le tapis rouge mais au point d’envisager de l’intégrer dans la future guerre internationale contre l’Etat islamique. Si demain les Américains décident de bombarder les positions de Daech en Syrie, ils se retrouveraient automatiquement à donner un précieux coup de main au régime syrien dans sa guerre contre les rebelles qui lui disputent le pouvoir.

Même sans le crier sur les toits, certains éditorialistes de la presse américaine et européenne ne trouvent plus aucun scrupules à valider à haute voix toute la stratégie de défense de Bahar El Assad qui depuis le début de cette crise avait affirmé qu’il inscrivait son action dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Il est aisé de rappeler aujourd’hui toute la mythologie créée autour des rebelles syriens qu’on décrivait comme des révolutionnaires romantiques partis la fleur aux fusils démanteler la dictature syrienne et installer la démocratie.

La myopie politique de ce rêve bleu de l’opposition syrienne fut si épaisse qu’un grand débat sur son armement avait provoqué de grands clivages. Armer l’opposition syrienne pour affaiblir Bachar al Assad, sans concevoir une action militaire destinée à configurer une transition politique, revenait automatiquement à renforcer sa frange le plus radicale. L’aveu à peine camouflé du président français François Hollande sur le sujet en dit long sur les grandes hésitations internationales sur la question :" Qui vous dit qu’on n’a pas donné d’armes aux rebelles, c’est-à-dire à l’opposition démocratique ? La communauté internationale porte une responsabilité très grave en Syrie".

Autres bénéficiaires de ce grand chambardement, l’Iran et par extension le Hezbollah libanais. Après avoir longtemps campé la posture de diablotins de la subversion régionale, les Américains n’auront sans doute d’autres choix que de recourir à leurs services et leur disponibilité de participer à la lutte internationale contre l’Etat Islamique. Certains grands commentateurs n’hésitent pas à écrire que l’Etat Islamique et la grande horreur de son agenda terroriste peuvent constituer une occasion rêvée pour signer la grande réconciliation politique entre Washington et Téhéran en grande brouille depuis l’avènement de le république islamique. Américains et Iraniens, main dans la main pour lutter contre la terreur de l’Etat Islamique. Une coopération entre services a déjà eu lieu lors de la crise afghane. La crise irako-syrienne offre la possibilité d’une vraie coopération politique entre les deux pays

Cette réorientation de la politique américaine passera aussi par des pressions directement exercé sur l’Arabie Saoudite et le Qatar pour qu’ils assèchent tous leurs réseaux d’empathie avec l’Etat islamique et son agenda terroriste. Même si le deux pays démentent avec la plus grande véhémence avoir nourri des courroies de financement de l’agenda de l’Etat Islamique, la rapidité avec laquelle cette organisation terroriste a élaboré son circuit d’influence et de recrutement renseigne sur les complicités et les bienveillances régionales dont elle a pu jouir durant ces trois années de crise syrienne.

Maintenant qu’une mobilisation internationale est à l’œuvre pour, sinon éradiquer du moins limiter l’impact de cette organisation terroriste qu’est l’Etat Islamique, l’heure de vérité a sonné pour cette grande guerre contre la terreur dont le président américain Barack Obama a fini par endosser à reculons le costume de chef. La persistante théorie du complot violemment fouettée par les réseaux sociaux attribue la paternité de l’Etat Islamique à des officines dont les objectifs de terrain ne correspondent pas aux buts diplomatiques affichés. Avec des pays du golfe à leur tête l’Arabie Saoudite qui commencent à sentir le danger de l’Etat Islamique sur leur propre existence, avec le Qatar qui ne peut plus jouer dans le clair-obscur des manipulations de services, avec la Turquie qui a testé les affres de la bienveillance frontalière, avec une mobilisation sans précédant des pays du Maghreb, tous les conditions sont réunies pour réduire l’Etat Islamique à la dimension de gang local qu’il n’aurait jamais du quitter, n’étaient-ce les ambitions et les agendas croisé des uns et des autres.

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