Les musulmans de France condamnent la violence et demandent de la »considération » (UOIF)

Représentants de l’islam de France et fidèles se sont montrés soucieux de condamner les attentats djihadistes tout en réclamant du « respect » pour les musulmans lors du congrès annuel du Bourget organisé par l’UOIF, plus grand rassemblement musulman du monde occidental. « Nous dénonçons le terrorisme, nous dénonçons la barbarie en tant que citoyens musulmans », a déclaré Amar Lasfar, le président de l’Union des organisations islamistes de France (UOIF).

Vitrine des Frères musulmans, l’UOIF multiplie les gages de citoyenneté depuis les attentats face à Manuel Valls, qui dit vouloir "combattre" le "discours" de cette organisation tenante d’un islam conservateur engagé dans le champ social et politique. "Nous sommes loyaux vis à vis de notre pays qui est la France. Nous aimons Dieu, nous aimons notre prophète, mais nous aimons aussi la République française", a insisté M. Lasfar.

Un islam "national"

"Les musulmans sont souvent accusés d’avoir insuffisamment dénoncé la violence et le terrorisme, comme s’ils en étaient directement les responsables, et c’est faux", a abondé le président du Conseil français du culte musulman (CFCM), Dalil Boubakeur. Son intervention à la tribune de l’UOIF se voulait un message d’unité de la communauté musulmane, souvent fragmentée, trois mois après les attentats contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes.

"L’islam n’est plus un islam d’immigration, c’est un islam national qui a droit au même titre que les autres communautés en France à la reconnaissance et à la considération de la population française", a-t-il déclaré. À l’unisson de nombreux musulmans, M. Boubakeur a dénoncé "les amalgames" et une "forme de culpabilisation" qui obligerait les fidèles à se justifier, "comme si la violence et le terrorisme abject avaient quelque chose à voir" avec l’islam.

Sujets qui fâchent

Au-delà des déclarations consensuelles, les multiples conférences et interventions au programme du congrès ("Y a-t-il un problème d’islam en France ?", "La radicalisation, sources, symptômes et désamorçage"…) ne négligeaient pas les sujets qui fâchent. "Les musulmans revendiquent leurs droits, tous leurs droits, rien que leurs droits", a plaidé M. Lasfar, précisant que cela comprenait aussi "le droit dans des circonstances particulières de pouvoir choisir". "Le petit musulman (…) a le droit d’avoir un plat de substitution (à la cantine, ndlr), nous avons aussi le droit (…) à ce que les maires ne s’opposent pas à la construction de mosquées", a-t-il précisé.

Dans les travées du rassemblement des musulmans de France, les fidèles condamnent, eux aussi, d’une seule voix la violence et sont en pleine introspection sur l’origine de la radicalisation, la laïcité ou l’islamophobie. "On est d’accord qu’il faut faire un nettoyage, il faut balayer devant notre porte et prendre en charge ces personnes qui ont une lecture erronée" des textes de l’islam, pense ainsi Nadia Tira, une infirmière de Reims. Mais pour elle, la société française dans son ensemble doit aussi lutter contre la montée de l’islamophobie. Elle-même raconte avoir essuyé un refus de plainte après une agression. "Depuis janvier, la police refuse plus souvent de prendre les plaintes" des musulmanes, affirme-t-elle.

Explosion des actes islamophobes

Le nombre d’actes islamophobes a explosé en France depuis les attentats parisiens. Pour le seul mois de janvier, 167 actes "antimusulmans" ont été comptabilisés contre 14 un an plus tôt, selon l’Observatoire national contre l’islamophobie. Jeudi, quatre lycéens ont été mis en examen pour avoir projeté une "action" contre une mosquée de Montélimar. Beaucoup, comme l’UOIF, dénoncent aussi le "laïcisme", une laïcité qui serait déformée et dirigée contre les musulmans, et nourrirait le rejet, et in fine l’extrémisme.

"Il y a des créneaux de piscine pour les nudistes, alors pourquoi n’est-on pas capables d’en créer pour d’autres populations", avec des créneaux non-mixtes, n’hésite pas à affirmer Ahmed Elmcherfi, qui y voit une discrimination contre les musulmans. Mais pour l’avocat Hakim Chergui, les discriminations que subissent les musulmans n’expliquent pas tout. Il est trop simple de dire que "ce n’est pas dans les mosquées qu’on se radicalise", estime notamment cet avocat, qui défend des suspects de terrorisme.

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. J'accepte Lire la suite