Les mineurs, apprentis jihadistes en Syrie, en garde à vue

Les auditions des deux adolescents candidats au jihad en Syrie ont repris jeudi matin à Toulouse, dans le sud-ouest de la France, sans que l’on sache encore s’il s’agit d’un simple de briefing ou du prélude à des poursuites judiciaires.

Les adolescents de 15 et 16 ans sont entendus sous le régime de la garde à vue, c’est-à-dire sous contrainte, par les enquêteurs qui souhaitent élucider leur processus d’autoradicalisation et les soutiens dont ils auraient pu bénéficier.

Leur garde à vue, commencée mercredi matin, ne devrait pas excéder 48 heures. Pour le plus âgé des deux, elle ne pourrait être étendue qu’en cas de circonstances exceptionnelles qui ne semblent pas devoir être retenues, a indiqué une source proche du dossier.

A l’issue de leurs auditions, il reviendra au parquet antiterroriste de Paris, chargé d’une enquête pour "association de malfaiteurs en vue de la préparation d’actes de terrorisme", de décider soit de les poursuivre et sous quel chef, soit de les relâcher.

Tous deux élèves en classe de seconde générale au même lycée de Toulouse, les adolescents sont partis le 6 janvier et sont rentrés séparément de Turquie, dimanche pour le plus âgé, lundi soir pour le plus jeune.

L’équipée des deux adolescents a suscité un émoi national, le président François Hollande affirmant la nécessité de "protéger nos jeunes de France".

Y. est un "jeune garçon très bien intégré, avec un très bon parcours scolaire", a indiqué son avocate Me Agnès Dufétel-Cordier mercredi en soulignant que l’adolescent "coopère sans difficultés".

600 ou 700 Français ou étrangers vivant en France seraient allés se battre en Syrie, en seraient revenus ou auraient été plus ou moins engagés dans un tel projet, selon les services de renseignements. Quelques 250 y combattraient actuellement et 21 seraient morts.

Ces départs confirment l’attrait sans précédent exercé par le jihad en Syrie sur certains jeunes en France, sans aucune comparaison possible avec les quelques Français ou résidents français dans les rangs jihadistes en Afghanistan, au Mali ou en Somalie.

Le phénomène possède une dimension européenne – entre 1.500 et 2.000 jeunes Européens ont gagné la Syrie, selon Paris et Bruxelles – et même mondiale, touchant les pays du Maghreb, mais aussi l’Australie, le Canada ou les Etats-Unis.

Pour les spécialistes, le retour en France de jeunes aguerris par les combats représente un risque terroriste majeur. Mais ils sont aussi politiquement difficiles à gérer dans un pays qui soutient diplomatiquement et matériellement l’opposition armée en Syrie dans son combat contre Bachar al-Assad.

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